5021. AU CHAMBELLAN D'AMMON A COMPIÈGNE.

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Ammon berichtet, Paris 8. Juli: „J'envoie ci-joint à Votre Majesté un projet pour l'extension de la Compagnie Asiatique d'Emden et pour la création d'une marine, sans laquelle cette compagnie ni aucun commerce ne pourront jamais être établis d'une manière stable... Il a été formé par l'homme du monde qui entend le mieux ces parties et qui est le plus en état de les mettre en exécution; c'est le sieur Labourdonnaye, connu par les beaux établissements qu'il a faits aux îles de France et de Bourbon, par la prise de Madras et par la persécution qu'il a essuyée de la part des ministres qui soutenaient le sieur Dupleix.“

Potsdam, 20 juillet 1751.

J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites des 8, 9 et 10 de ce mois. Je vous sais bon gré de toutes les précautions sages que vous avez prises à l'occasion du décès de mon ministre baron Le Chambrier pour la sûreté de ses archives d'ambassade, et je laisserai le soin de ce qui reste à faire à cet égard, à mes ministres du département des affaires étrangères, jusqu'à ce que je trouve bon de nommer un ministre pour succéder à feu Le Chambrier.

 

Quant au projet pour l'extension de la Compagnie Asiatique d'Emden et pour la création d'une marine, je ne saurais qu'envisager ce que vous me marquez à ce sujet que comme une marque du zèle et de l'attention que vous avez pour tout ce qui regarde mon service; mais indépendamment de cela il faut que je vous dise que ce projet me mènerait trop loin et me ferait entreprendre des choses auxquelles mes forces ne suffiraient pas et qui me pourraient jeter dans de grands embarras.

C'est la France qui peut entreprendre d'aussi grands desseins, mais il ne me convient pas d'embrasser beaucoup de choses importantes à la fois. Rien n'est plus vrai que ce qu'on dit communément que tout homme qui trop embrasse mal étreint, ce que j'éviterai soigneusement de faire. Vous n'avez donc qu'à remercier poliment l'auteur du projet en question de la bonne volonté qu'il avait bien voulu me marquer.

Au surplus, quoique je convienne parfaitement de l'habileté de cet auteur et de ses grandes connaissances en fait de commerce, vous devez savoir nonobstant de cela que ce personnage n'est pas d'un trop bon caractère du côté du cœur, et qu'ainsi il faut bien qu'il ne soit pas aussi innocent qu'on le fait passer à présent dans le monde, ce dont je sais plusieurs particularités. Vous me ferez plaisir de ne pas vous mêler davantage avec lui, ni de vous y fier tout-à-fait.

Federic.

Nach dem Concept.