5046. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 7 août 1751.

Vos rapports du 31 passé et du 3 de ce mois me sont bien parvenus. Vous avez tout lieu d'avoir été surpris de l'intimité et de la souplesse avec laquelle le comte Hennicke vous a entretenu dans la dernière conversation que vous avez eue avec lui. J'en suis également surpris et ne sais pas tout-à-fait à quoi attribuer un changement si subit, quoique je ne compte guère sur la durée; aussi faites-vous fort bien de [ne] prendre ses propos doucereux qu'au prix de ce qu'ils valent, et de continuer d'être avec lui sur vos gardes.

A présent ma curiosité est de savoir comment les États regarderont les propositions qu'on leur va faire au sujet d'une nouvelle augmentation des impôts, et le parti qu'ils prendront là-dessus. C'est un vrai paradoxe politique que le crédit de la Saxe; s'il subsiste malgré les rudes secousses qu'on lui donne, et si le pays soutient les impositions exorbitantes dont on le charge, il faut avouer que la Saxe a des ressources qu'on ne trouve guère dans aucun autre pays.

Les bruits par où on a inspiré cette crainte aux marchands et gros négociants de la Saxe contre le militaire de ce pays-ci, sont des plus faux et controuvés, afin d'arrêter par là ces gens pour ne point se déterminer à quelque changement de domicile, car personne n'ignore ici combien j'y tiens la main à ce que nul négociant soit le moindrement incommodé du militaire.

Federic.

Nach dem Concept.

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