5187. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 13 novembre 1751.

Vos rapports du 26 et du 29 du mois dernier m'ont été bien rendus. J'ai été bien aise d'apprendre que, par l'évènement de la mort du Prince-Stathouder, le roi d'Angleterre s'est vu bridé un peu dans ses desseins trop violents et préjudiciables à la tranquillité de toute l'Europe. Tout ce que je puis souhaiter à ce sujet, c'est que la nation anglaise soit modérée dans ces affaires et qu'elle ne donne trop chaudement dans tous les projets où ce Prince, trop prévenu sur bien des choses, la voudrait entraîner.

Au surplus, selon mes nouvelles de Hollande, le roi d'Angleterre doit avoir beaucoup craint qu'à l'occasion de cet évènement la république de Hollande ne révoquât ou ne restreignît ses résolutions faites ci-devant en faveur de la princesse d'Orange et de ses enfants, et que les instructions du lord Holdernesse doivent rouler principalement sur deux points, l'un qu'il doit employer tout son savoir-faire pour maintenir et affermir l'autorité du jeune Prince et de sa mère pendant la minorité, et l'autre, de presser la République d'accéder au traité de Pétersbourg. Quant au premier point, quoiqu'il ait trouvé à son arrivée beaucoup de besogne, faite par les menées du comte Bentinck, en engageant les États-Généraux et ceux de Hollande à confirmer tout de suite ce qu'ils avaient résolu auparavant, il s'agissait cependant de voir si les suites seront aussi brillantes que le commencement a semblé le promettre, et que, quant au second point, le lord Holdernesse ne pourrait remporter de la Gouvernante et de son conseil que des promesses positives de vouloir se prêter à l'accession, dès qu'on pourrait le faire sans risque, promesses qui rencontreraient beaucoup de difficultés dans l'exécution.

Federic.

Nach dem Concept.