5190. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 13 novembre 1751.

Milord. J'ai bien reçu la lettre que vous m'avez faite du 28 dernier. J'approuve que vous ayez parlé à M. de Contest sur les plaintes que le ministre de Würtemberg vous a faites, et c'est avec satisfaction que j'ai appris que vous avez ménagé par la douceur ces affaires, en sorte que M. de Contest s'est engagé d'y remédier et de finir promptement. J'en suis d'autant plus aise, puisque c'est par là que la France se conserve encore un ami en Allemagne, après qu'elle en a perdu tant d'autres.

Après que vous m'avez informé que M. de Saint-Contest cherche à se passer des conseils de Messieurs de Puyzieulx et de Saint-Séverin et de s'attacher particulièrement à M. de Machault, vous me ferez plaisir de m'instruire quelles gens ce sont que le dernier et lui, Contest; s'ils ont de la fermeté et s'ils sont d'un caractère à soutenir une résolution qu'ils ont prise; s'ils sont capables d'entreprendre une affaire de<522> vigueur ou au moins de parler avec fermeté; car ce que la France a montré jusqu'ici de vigueur, a été principalement par le comte de Saint-Severin.522-1

Au surplus, vous tâcherez, par tous les moyens convenables, de confirmer M. de Contest dans la résolution où il est de her la Sardaigne à la France, en lui faisant envisager toutes les conséquences qui en résulteront, si les cours de Vienne et de Londres s'attachaient encore le roi de Sardaigne. Si l'affaire réussit, la France en gagnera, à ce que je pense, presqu'autant qu'elle vient de perdre par l'Espagne.

Au reste, je viens d'apprendre par un canal très sûr522-2 qu'après que le roi d'Angleterre a insisté sur une déclaration positive et nullement ambiguë de la cour de Dresde, tant pour vouloir donner sa voix électorale en faveur de l'archiduc Joseph que pour vouloir soutenir à l'élection la majorité des voix dans le Collège Électoral, ni ne point permettre que le Collège des Princes de l'Empire soit consulté à l'occasion de l'élection d'un roi des Romains, ni sur la question an, ni sur celle quomodo, le roi de Pologne avait donné les mains à tout ce que l'Angleterre avait demandé là-dessus, en sorte que les ratifications du traité entre l'Angleterre et la Saxe522-3 avaient été échangées le 1er de ce mois et que les deux cours impériales travaillaient actuellement à l'affaire de l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg. Particularités que vous saurez bien dire à M. de Saint-Contest, après avoir tiré de lui la promesse de m'en vouloir garder un secret absolu.

Federic.

Nach dem Concept.



522-1 Vergl. S. 498.

522-2 Sternberg an Puebla in Berlin, Hubertsburg 3. November.

522-3 Vergl. S. 459.