<125> cour, bien loin de vous nuire, n'ont fait qu'affermir votre crédit, de sorte que je vous en félicite cordialement. Je ne suis pas moins charmé des assurances que vous me donnez sur la persévérance de l'Électeur votre maître dans les sentiments dignes de son rang et de sa naissance qu'il a manifestés jusqu'ici par rapport aux affaires de l'Empire. Les calomnies qu'on a déployées pour lui inspirer de la défiance contre moi, ne m'inquiètent ni ne m'étonnent guère. Depuis plusieurs années, mes ennemis ont pris si souvent la peine de répandre de faux bruits sur mon chapitre, malgré que l'événement leur ait donné de fréquents démentis, que j'y suis tout-à-fait accoutumé. La seule chose qui me surprend, c'est l'impudence de mes calomniateurs et leur indiscrétion à se servir d'une arme émoussée qui, bien loin de blesser l'adversaire, ne peut que tourner au désavantage du porteur, aussitôt qu'on en découvre le défaut. Aussi je me flatte que le public, instruit par l'expérience de la fausseté de ces sortes d'imputations, cessera d'y faire attention, et qu'au lieu de me rendre suspect, elles m'attireront la confiance de tout ce qu'il y a de gens impartiaux et raisonnables.

Federic.

Nach dem Concept.


5467. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 29 mai 1752.

Outre ce que je vous ai fait marquer par la dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, je veux bien vous informer pour votre direction, au sujet du traité signé à Madrid entre les cours d'Espagne et de Vienne, que c'est principalement par deux raisons que le ministre de Turin y a refusé la signature : primo que le roi de Sardaigne persiste à vouloir que ses possessions soient également comprises dans la garantie, à quoi la cour de Vienne n'est nullement disposée; en second lieu, l'alternative de la signature entre les deux cours de Turin et de Vienne, la première prétendant que celle-ci ne saurait avoir aucune prérogative là-dedans, vu qu'on ne traitait proprement qu'avec la Reine-Impératrice, ce que la cour de Vienne a refusé encore par une déclaration faite au comte de Canales, dont le roi de Sardaigne n'a pas été satisfait et au sujet de laquelle il a expédié un courrier au roi d'Angleterre afin de l'engager à rectifier la cour de Vienne là-dessus par son ministre Hyndford. Au surplus, il ne paraît pas que l'Angleterre pourrait accéder à ce traité, mais l'on prétend qu'elle se contentera d'être une espèce de médiatrice pour rapprocher les trois cours. Au reste, on paraît persuadé qu'il n'y a nuls articles secrets parmi le susdit traité, la cour de Vienne se bornant cette fois-ci à avoir mené à son but celle de Madrid, se flattant qu'à la suite du temps elle saurait peut-être faire aller plus loin encore l'Espagne et qu en attendant elle aurait au moins les bras libres en Italie en cas