<131> cour de Vienne a reçu les propositions du roi d'Angleterre relativement à l'affaire de l'élection, n'opérât en lui bien du chagrin et de l'aigreur contre elle; mais comme il s'est trop avancé là-dessus, il faut bien qu'il tâche de s'en tirer aussi bien qu'il peut. Selon mes nouvelles, la conduite de la susdite cour doit avoir beaucoup surpris les régents d'Angleterre, quand le duc de Newcastle leur a fait part, à la fin, du mauvais succès de la commission de milord Hyndford. Ils en ont été piqués au vit, mais non pas dégoûtés; car, à ce qu'on m'assure, ils restent fermes encore dans la poursuite du projet et espèrent de pouvoir ramener la cour de Vienne à leur but. L'on ajoute cependant que, quoiqu'on soit bien déterminé d'ouvrir plutôt généreusement la bourse que d'échouer dans une affaire qu'on regarde comme une entreprise où l'honneur de la couronne est engagée, il pourrait malgré cela bien arriver que le ministère anglais s'en dégoûtât, si la cour de Vienne persistait à ne vouloir absolument se prêter à rien et que l'Angleterre seule dût satisfaire en entier toutes les prétentions à la charge de ladite cour, et que ce ne serait pas la première fois qu'on aurait vu ralentir ces gens-là sur des objets qui avaient tenu autant au cœur au Roi leur maître que celle-ci.

Quant au traité fait à Madrid,1 gardez-vous de croire que ce sera jamais un traité de conséquence. Le commerce de contrebande dans les possessions de l'Espagne en Amérique que les Anglais ne veulent absolument abandonner et que la cour de Madrid ne veut point permettre, fait que les deux cours commencent déjà à se brouiller, et, si jamais les choses vont à l'éclat, la cour de Vienne ne saura plus rester unie avec celle d'Espagne.

Federic.

Nach dem Concept.


5478. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 10 juin 1752.

Votre rapport du 31 de mai dernier m'est bien parvenu. Je pense qu'il n'y a point encore de raison qui dût vous mettre si fort en peine relativement au traité de Madrid et sur ce dont il peut être question avec le roi de Sardaigne, n'étant point probable qu'il en résulte quelque effet pour l'avenir propre à en attendre un grand succès, puisque c'est le roi d'Angleterre qui est à considérer comme le premier ressort de cette machine artificielle et tellement contre nature qu'il en est à croire que, ce Prince fort avancé en âge venant à décéder, cette machine s'écroulera et se détruira en elle-même.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 117.