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5513. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Potsdam, 4 juillet 1752.

Je ne vous fais la présente que pour vous dire que j'ai donné actuellement mes ordres à mon ministre en France, milord Maréchal, pour s'expliquer confidemment avec le marquis de Saint-Contest sur tout ce qui fait le sujet des apostilles de vos deux dépêches du 24 et du 27 du mois passé, pour savoir les intentions de la France là-dessus.1 J'ai expressément enjoint à mon susdit ministre d'en parler de la sorte que M. Lemaire n'y paraisse nullement.

En attendant, je vous dirai pour votre direction que, si le ministère de France goûte les expédients proposés à ce sujet, je m'y conformerai et ferai parler à la cour de Copenhague tout comme la France, de concert avec la Suède, le fera.

Cependant, pour ne point faire des démarches inutiles et préjudiciables, il est d'une nécessité indispensable de savoir préalablement si le ministre danois dont il est question ne s'est déjà si ancré auprès du Roi son maître que toutes les tentatives qu'on ferait contre lui seraient sans effet. Dans ce cas-là, il vaudrait mieux de se taire que de s'exposer à l'affront d'un refus et d'empirer par là les choses. D'ailleurs, comme c'est toujours une affaire bien délicate, il me paraît qu'il vaudrait mieux d'attendre le retour du comte de Dehn,2 avant que d'entamer quelque chose. Mandez à moi seul et immédiatement vos sentiments là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


5514. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

[Potsdam], 7 juillet 1752.

Mon cher Frère. Vous voyez, mon cher frère, qu'on ne peut pas faire dans le monde tout ce que l'on veut, et que des chaînes invisibles qu'on nomme ménagements, prudence et circonspection, nous arrêtent à tout moment.3 Comme je vous suppose tout-à-fait guéri de votre fièvre, je prends la liberté de vous envoyer de mes bonnes cerises, elles ont eu votre approbation l'année passée.

Pöllnitz m'a conté toutes les fêtes Henricoises4 qui se sont données à Berlin, hors celle de la Reine Douairière dont sa prudence l'a dispense d'être. Je me suis trouvé si campagnard à ces belles descriptions que je compte de prendre un maître de danse la première fois que je viendrai à Berlin, et un jeune marquis français pour me donner l'éducation du grand monde. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout



1 Vergl. die vorige Nummer.

2 Vergl. S. 134.

3 Vergl. S. 151.

4 Die Feierlichkeiten anlässlich der Vermählung des Prinzen Heinrich mit der Prinzessin Wilhelmine von Hessen-Cassel (25. Juni) fanden vom 24. Juni bis 7. Juli statt.