<159> bien de ma part pour qu'il reprenne le fil de sa négociation et qu'il s'applique à la finir au plus tôt, sans tramer plus longtemps.

Au surplus, mes ministres du département vous auront informé du bruit qui court et que les gazettes publiques confirment, de ce qu'il y avait eu en France une réforme considérable dans les régiments allemands, en sorte qu'on avait congédié 32 officiers et 400 hommes de chaque régiment. Comme vous ne m'avez rien marqué sur ce sujet, et que j'ai de la peine encore à me persuader que, dans un temps aussi critique que celui où nous sommes, la France voudrait faire une démarche si préjudiciable à sa gloire et à ses intérêts, j'attends avec bien de l'impatience vos éclaircissements là-dessus, jusqu'à l'arrivée desquels je compterai ces bruits comme inventés et disséminés par le parti anglais pour en imposer au public.

Au reste, un avis très intéressant m'étant parvenu par un canal sur lequel je puis toujours compter,1 touchant le projet formé de la cour de Vienne pour faire monter le prince Charles de Lorraine au trône de Pologne, dès qu'il viendra à vaquer, j'ai cru nécessaire de vous informer de tout son détail. On m'apprend que, d'abord après le retour de la dernière Diète de Pologne, la cour de Dresde avait trouvé moyen de découvrir par un canal qu'elle eut en Angleterre le plan de la susdite cour par rapport à l'élévation du prince Charles de Lorraine au trône de Pologne, lequel l'impératrice de Russie s'est engagée d'appuyer par un corps de 30,000 hommes; que la cour de Dresde s'était plainte là-dessus très amèrement envers la cour d'Angleterre des procédures peu amicales de ses alliés, mais que celle-ci avait nié l'affaire. Qu'il ne fallait pas douter cependant que la cour de Vienne ne poussât son plan plus fort que jamais, et qu'il y avait toute apparence qu'elle tâchait dans cette vue de s'attacher les premiers et les plus accrédités du parti opposé à la cour, par l'entremise du prince Sulkowski, lequel elle avait gagné en l'élevant à cette dignité [de prince], qu'elle offre présentement de conférer à tous ses fils. Que le colonel Saint-Paul,2 auquel le prince Charles de Lorraine comme à son confident a lu tout le plan en question, et qui est principalement employé dans ce chipotage, était fort lié avec le prince Sulkowski, ce qui rendait tout-à-fait probable que ledit Prince était de l'intrigue et qu'il prendrait à tâche d'attirer les plus accrédités des Potocki et de les disposer favorablement pour la maison d'Autriche, sans leur découvrir d'abord le fond du sac. Qu'en conséquence de cela ce Prince, comptant déjà d'entraîner ses beaux-fils, le palatin de Smolensko3 et celui de Livonie,4 tournerait ses vues sur le palatin de Belcz.5 Comme ce Palatin était fort dérangé dans ses finances, il serait, par ce motif le plus pressant pour un Polonais, d'autant plus dangereux qu'on le débauchât que c était la meilleure tête et le chef des bien intentionnés. L'on finit que



1 Durch den Gesandten in Dresden von Maltzahn (vergl. Nr. 5519) nach Mitteilungen eines wiederholt in Maltzahn's Berichten erwähnten Polen.

2 Vergl. S.72

3 Graf Peter Sapieha.

4 Franz Szembeck.

5 Graf Anton Potocki.