<20> propres fonds. Qu'elle tâchait à s'accommoder avec tous ses voisins en Italie, afin qu'elle n'en ait rien à craindre d'eux; qu'elle endormait les autres puissances par de belles paroles et par ses démonstrations pacifiques; qu'elle avait gagné le chancelier de Russie, Bestushew, en sorte qu'il était entièrement à sa disposition; que d'ailleurs elle était fort liée sous main avec la famille de Czartoryski en Pologne et qu'elle avait obligé par la Russie les Saxons de donner les mains à un traité en même temps qu'elle avait refusé à ceux-ci de leur garantir la succession à la couronne de Pologne.1 Que la Reine-Impératrice destinait sa fille aînée au prince Charles de Lorraine; que son ministre en Suède avait tâché de disseminer des bruits comme si la France avait pris des concerts avec moi de mettre au trône de Pologne un Prince français,2 quand il viendrait à vaquer, et qu'il était aisé à s'apercevoir que la cour mentionnée n'usait de cette finesse que pour jeter le soupçon sur d'autres, pour d'autant mieux cacher ses desseins ambitieux; que toutes ces circonstances, prises ensemble, marquaient assez que sa conduite se réglait en conformité d'un système qu'elle ait adopté et qu'elle suivait exactement pas à pas, et bien qu'il n'y avait pas l'apparence que le Roi régnant de Pologne dût mourir aujourd'hui ou le lendemain, je croyais cependant que la prudence demandait que l'on opposât système contre système et que la France prît en quelque manière des concerts, [sur] ce qu'il y aurait a faire, si un cas pareil arrivait inopinément, vu qu'il serait difficile et peut-être trop tard de prendre des mesures à la hâte, quand le cas existerait.

Vous devez détailler bien tout ceci à M. de Contest, et même, si vous le jugez convenable, à Messieurs de Puyzieulx et Saint-Séverin, et me marquerez exactement ce qu'ils vous répondront là-dessus.

Quant à l'affaire de l'Association, mon ministère du département des affaires étrangères vous instruira amplement sur ma façon de penser à ce sujet, ainsi que je m'y référé et ajoute seulement que, quand vous leur expliquerez mes sentiments là-dessus, vous devez vous servir des termes les plus flatteurs et affectueux que vous saurez imaginer, en leur insinuant que je pensais de la même manière qu'eux sur cette affaire, et que, quand même il y aurait quelques points où mes idées différaient de ceux qu'ils avaient, je les sacrifiais cependant volontiers, me remettant tout-à-fait en ceci sur leur pénétration et leurs lumières.

Federic.

Nach dem Concept.


5296. AU CHAMBELLAN D'AMMON A PARIS.

Berlin, 25 janvier 1752.

Après avoir pensé encore sur le contre-projet que vous avez fait à celui de l'article 19 que le sieur Trudaine a minuté,3 je vous dirai



1 Vergl. Bd. VIII, 539 Anm. 2.

2 Vergl. Bd. VIII, 387. 512.

3 Vergl. S. 13.