<220> lui écrivant en droiture et en lui faisant quelques ouvertures plus particulières qu'à son ministère. Ce Prince n'est point insensible à la gloire de paraître gouverner par lui-même et surtout de voir Votre Majesté dans cette opinion.

A l'égard des finances de la France, je prends la liberté de répéter à Votre Majesté qu'elles ne sont pas à beaucoup près aussi mauvaises qu'elles sont décriées. Il y a pour cela plusieurs raisons, comme

1° La division entre M. de Machault et M. d'Argenson, qui fait que les partisans de ce dernier remplissent le public de leurs cris sur les dépenses qui se font et sur les non-payements, au sujet desquels ils disent souvent de grandes faussetés comme je l'ai vérifié en plus d'une occasion;

2° L'intérêt qu'ont la maîtresse et M. de Machault tous les deux de laisser croire souvent que les finances sont en mauvais état, afin d'empêcher les autres ministres de proposer et le Roi d'écouter des partis de vigueur dont ils craignent que les suites ne soient la guerre.

Il est pourtant incontestable que, si la France était obligée de l'entreprendre, elle ne manquerait pas d'argent. Je pourrais nommer dix à douze particuliers dans Paris qui seuls porteraient au trésor royal au delà de cent millions de livres.

Potsdam, 27 septembre 1752.

Monsieur le Baron de Scheffer. Je ressens avec toute la sensibilité que vous pouvez attendre de ma part l'attention que vous m'avez bien voulu marquer encore, en me remettant, à la suite de la lettre que vous avez pris la peine de me faire, un résumé de tout ce que vous m'avez dit d'instructif dans les agréables entretiens que j'ai [eus] avec vous. Soyez persuadé que je m'en rappellerai avec plaisir le souvenir, mais que jamais il n'en transpirera quelque chose à âme qui vive, et que je vous garderai un secret aussi religieux sur toutes les choses dont vous vous êtes ouvert confidemment envers moi, tout comme si elles étaient mises dans un éternel oubli. Au reste, comptez que je saisirai avec empressement les occasions pour vous prouver la vérité de mes sentiments et de l'estime distinguée avec laquelle je serai toujours, Monsieur le baron de Scheffer, votre bien affectionné

Federic.

Nach dem Concept.


5608. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.

Potsdam, 29 septembre 1752.

Monsieur mon Cousin. C'est toujours avec un plaisir sensible que je reçois par vos mains les nouvelles que le Duc régnant, votre frère, veut bien me faire parvenir relativement à la cour de Danemark, et je ressens avec une reconnaissance parfaite les bonnes intentions qu'il témoigne pour un prompt accommodement entre moi et la susdite cour à l'égard de l'affaire de Bentinck. Je crois pourtant devoir vous informer, et j'espère que vous aurez la bonté de le faire également à M. le Duc, que ce n'est point de ma part que les obstacles à cet accommodement se sont origines. Depuis le commencement qu'on a travaillé à ajuster cette affaire, je l'avais mise entre les mains de la France, pour y agir en médiateur. L'on est convenu surtout par rapport à la trans-