<226> Vos Excellences les pressantes sollicitations que lui et ses prédécesseurs ont faites à diverses reprises pour obtenir de votre équité et de votre justice les dédommagements que des négociants prussiens ont à demander, pour les indemniser des violences et des déprédations qu'ils ont souffertes de quelques armateurs anglais pendant la dernière guerre. Vos Excellences se souviendront qu'on a enlevé les vaisseaux à ces marchands, qu'on a ravi les effets des uns et détenu ceux des autres, et, quoiqu'on ait mis en évidence qu'aucun de ces marchands ne faisait la contrebande, les négociants prussiens n'ont pu obtenir jusqu'à présent aucune justice ni des tribunaux anglais qu'ils ont réclamés, ni du gouvernement, auquel ils ont porté leurs plaintes; par une contradiction singulière, sans raisons, sans même des prétextes specieux, on a condamné les propriétaires et adjugé la capture au profit des armateurs.1

Les lois de l'équité doivent sans doute être égales pour toutes les nations; un Anglais doit s'attendre à trouver un asile à Berlin dans la justice des tribunaux contre la violence des citoyens, de même qu'un Prussien doit en trouver à Londres contre des procédés illégitimes. C'est sur ce principe que se fonde la bonne foi et le commerce mutuel des peuples, c'est sur ces principes que les négociants de l'Europe trafiquent chez leurs voisins et que la nation anglaise y fait un commerce si avantageux; tous les peuples regardent ces liens d'équité comme quelque chose de sacré et d'inviolable et ils les respectent chez eux pour en recevoir le bénéfice chez les autres, s'ils se trouvent dans la nécessité d'y recourir.

Sa Majesté a cru que, chez une nation pleine de sentiments aussi nobles et aussi généreux que l'anglaise, elle obtiendrait sans difficulté pour ses sujets la satisfaction qui leur était due, et Vos Excellences se ressouviendront qu'en cas de refus on ne leur a point dissimulé que Sa Majesté le roi de Prusse se verrait obligé, quoiqu'à regret, de saisir les capitaux hypothéqués aux Anglais sur le duché de Silésie, d'autant plus qu'elle ne pouvait autrement indemniser ses sujets.

Les intentions du Roi mon maître sont pures; il a voulu satisfaire avec bonne foi aux engagements qu'il a pris avec la nation anglaise et acquitter les dettes qui étaient à sa charge, mais il a voulu en même temps donner à ses sujets la protection qu'il leur doit. Pour ne rien précipiter dans une affaire de cette nature et pour donner au gouvernement anglais le temps de la réflexion, il a continué d'acquitter les dettes de la Silésie jusqu'au payement du dernier terme, et lorsqu'il a vu que l'équité de ses demandes, le temps, les raisons et des importunités



1 Statt der durch den Druck hervorgehobenen Stelle steht in dem am 7. October 1752 an Michell abgegangenen Texte der abzugebenden Erklärung: Et que par une contradiction singulière, lors même que ces tribunaux n'ont point trouvé de prétexte pour confisquer les vaisseaux et les effets, et que par conséquent ils ontre connu euxmêmes l'injustice de la prise, ils n'ont pas laissé, sans raison ni prétexte spécieux, de condamner les propriétaires aux frais de la capture au profit des armateurs.