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5617. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 3 octobre 1752.

Votre dépêche du 22 du mois dernier m'a été bien rendue. Comme ce projet de convention de commerce duquel M. de Contest vous a fait mention, ne m'est point parvenu, il faut bien que je l'attende pour voir de quelle manière on s'expliquera.

Quant au secrétaire à envoyer au comte de Broglie,1 je vois bien que, par les raisons que M. de Contest vous a alléguées, il ne sera pas convenable que vous le pressiez trop là-dessus. Il faudra néanmoins que vous lui fassiez sentir combien il serait nécessaire d'envoyer en Pologne quelqu'un du caractère qu'avait feu Castera, pour continuer du moins cette correspondance secrète que celui-ci avait entamée avec le hospodar de Valachie et pour entretenir une intelligence avec cet émissaire que la Porte Ottomane a envoyé,1 sous le titre dudit Hospodar, accrédité au Grand-Maréchal de la Couronne, pour s'orienter sur les avis que la Porte avait eus d'un dessein de la cour de Vienne pour faire monter un jour le prince Charles de Lorraine au trône de Pologne; intelligence qui, sans que la cour de France s'avisera d'envoyer quelqu'un en Pologne, revêtu du caractère de feu Castera, tombera absolument, mais qui importe beaucoup d'être continuée, tant pour les intérêts de la bonne cause que pour les impressions que cela fera sur la cour de Vienne, quand elle s'apercevra que la Porte est informée de son plan en faveur du prince Charles de Lorraine et que celle-ci n'est pas d'humeur de laisser faire tranquillement les deux cours impériales là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


5618. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÄFFEN A VIENNE.

Potsdam, 3 octobre 1752.

J'ai bien reçu vos rapports du 20 et du 23 du mois passé. En conséquence de ce que vous me marquez des difficultés que la cour de tienne fait à l'égard du nouveau plan d'accommodement avec l'Électeur Palatin, attribué à celui de Mayence,2 mais projeté à Hanovre, et de la manière revêche dont les ministres Ulfeld et Bartenstein s'expliquent là-dessus, il y a toute apparence que l'affaire de l'élection, plus embrouillée que jamais, tramera encore bien du temps, et que Sa Majesté Britannique sera obligée de retourner en Angleterre cette fois-ci, sans avoir pu donner un roi des Romains de sa création à l'Empire.

Les fréquentes conférences entre les ministres de Vienne et le comte Keyserlingk, qui vont être suivies de départs de courriers, et ce que



1 Vergl. S. 222.

2 Vergl. S. 211 Anm. 2.