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5723. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Berlin, 6 janvier 1753.

Les dépêches que vous m'avez faites du 22 et du 25 du mois dernier, m'ont été heureusement rendues et je me remets, pour ce qui regarde les affaires relativement à l'Électeur palatin, à ce que je vous fais marquer par la dépêche d'aujourd'hui du département des affaires étrangères, à laquelle je n'ajoute que je ne m'attends point à de bonnes nouvelles de Manheim et crains fort que l'Électeur ne donne dans les pièges de la cour de Vienne.

Quant à l'abbé Lemaire, j'ai été bien aise d'apprendre que son rappel a été sursis et qu'il continuera à faire à Copenhague.1 J'envisage cette affaire comme très importante, vu que, dans la situation présente de la cour de Danemark, il faudrait voir et examiner de bien près et par de fort bons yeux les démarches du baron de Bernstorff, pour juger combien l'on doit s'y fier ou non.

Federic.

Nach dem Concept.


5724. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Berlin, 6 janvier 1753.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 26 dernier. Quant à la démarche que la cour de Danemark a faite pour empêcher l'abattis des forêts appartenantes au grand-duc de Russie,2 je suis tout comme vous du sentiment qu'elle ne sera point relevée par la cour de Russie, et je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que j'ai appris de très bon lieu que le grand-chancelier de Russie a marqué à un de ses confidents que la démarche vigoureuse du roi de Danemark avancerait, pour peu qu'il y allât avec la circonspection nécessaire, bien plus l'affaire de l'accommodement proposé au Grand-Duc que toutes les négociations entamées à cet égard.

Au surplus, je pense toujours que la démonstration de la cour où vous êtes, en voulant faire camper au printemps qui vient un corps de ses troupes dans la Seelande, ne vise à autre chose qu'à intimider la Suède, pour lui faire abandonner la nouvelle fortification de Landskrona;3 c'est à vous d'approfondir ces conjectures que je fais et de m'apprendre si elles sont fondées ou non.

Au reste, il paraît par mes lettres de France que la cour là s'est ravisée au sujet de M. Lemaire, en sorte qu'elle ne le rappellera pas, et je serai bien aise que vous sauriez trouver l'occasion convenable pour insinuer sans affectation à M. Lemaire que c'était sur mes instances réitérées que sa cour s'était décidée à le laisser sur son poste, et que les soins que je m'étais donnés à ce sujet, avaient opéré un bon effet,



1 Vergl. S. 272.

2 Vergl. S. 267.

3 Vergl. S. 284.