<336> mon cher frère, par la philosophie qu'elle s'est élevé l'âme au-dessus des infortunes auxquelles la condition humaine est exposée; ce sont là les vrais secours que nous tirons des réflexions, de dépouiller tous les objets de leurs attraits et de les priser au juste, et, dans ce sens, la plupart des malheurs qui arrivent aux hommes, ne sont pas aussi grands qu'ils se les font eux-mêmes. Il n'y a que la perte des personnes qu'on aime qui soit réelle et irréparable, et cependant, à ce mal même, la philosophie y apporte des secours; à son aide, et avec celle du temps, on parvient à adoucir une douleur trop vive qui dégraderait l'homme s'il s'y abandonnait en lâche; mais, malgré tous nos efforts, il faut avoir quelque indulgence pour la vivacité des premiers moments et penser que les faiblesses d'un cœur sensible sont préférables à l'inhumaine dureté des stoïciens.

Ne pensez pas qu'aux folies du chevalier Folard j'y aie ajouté les miennes; je n'ai fait que choisir encore quelque morceau intéressant que Seers avait peut-être oublié de tirer de son ouvrage, et je les ai fait joindre aux autres; de sorte qu'avec ce petit abrégé1 on peut porter tout le bon sens du chevalier Folard dans sa poche, et je crois même qu'il peut à présent devenir utile à nos militaires avides de s'instruire. C'est à quoi je pense sans cesse, et je voudrais bien qu'on ne pût me faire aucun reproche sur la discipline de l'armée, sur son entretien, sur l'instruction des officiers et sur tous les arrangements préliminaires à une guerre que mes facultés me permettent de prendre en temps de paix. Cela fait, j'attendrai tranquillement les évènements, et, s'il faut dégainer, on nous trouvera au moins préparés et en état de soutenir la réputation du nom prussien. Je suis avec bien de l'estime, mon très cher frère, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


5767. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.

Potsdam, 13. Februar 1753.

Diejenige Uebersetzung eines Articuls aus einer londenschen Gazette, so Ew. Excellenz mir zu adressiren geruhet, würde Sr. Königl. Majestät heute mit vorzulegen nicht angestanden haben, daferne es nicht par hasard geschehen, dass des Königs Majestät bei Ansehung der Minute von der heutigen Dépêche an den p. Michell von einigen darin gebrauchten Dero Meinung zu harten Ausdrücken, als: insulaires, j'en méprise la colère et crains peu leurs menaces p., nicht allerdings



1 „Extrait tiré des commentaires du chevalier Folard sur l'histoire de Polybe.“ Vergl. Œuvres de Frédéric le Grand XXVIII, 97.