<338> toujours les plus belles assurances au ministre de Suède et les plus fortes protestations d'amitié pour l'endormir. On prétend s'apercevoir dans la façon d'agir de Bernstorff qu'il voudrait aspirer à dominer le Nord et surtout de faire marcher la Suède selon ses vues, et l'on dit que c'est en quoi le bon naturel du ministre suédois le sert encore parfaitement, qui continuait à s'éloigner de M. Lemaire et de mon ministre,1 pour complaire au baron de Bernstorff.

Federic.

Nach dem Concept.


5769. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Potsdam, 13 février 1753.

J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 30 dernier et du 3 de ce mois, desquelles j'ai eu toute la satisfaction possible, par l'attention que vous avez à m'informer fidèlement du train dont les affaires continuent d'aller auprès de la cour où vous êtes. Cependant je suis bien aise de vous dire que, malgré toutes les apparences qu'il y a, de tous les apprêts de guerre, d'un dessein projeté, je ne saurais me persuader que tous ces préparatifs aient pour objet la Suède, et cela par la raison des différents liens qui attachent le Danemark à celle-là et à la France, vu que tout l'avantage se trouve du côté du Danemark et qu'il est à peine croyable qu'il voudrait les rompre en faveur d'une entreprise dont le succès sera douteux et qui lui attirerait le blâme de toute l'Europe et formerait un exemple qu'aucune puissance ne saurait plus lui placer sa confiance. D'ailleurs, comme toute la force du Danemark consiste principalement dans sa flotte, et que vous dites vous-même qu'on n'y voit aucun arrangement pour celle-là, sans laquelle cependant le Danemark ne saurait rien faire, je penche toujours à croire que son but est de se faire plus valoir par ses ostentations, et parler alors d'un ton haut par rapport aux différends qu'il croit avoir avec la Suède, sur quoi je crois cependant qu'un corps assemblé de 16,000 hommes ne lui causera pas infiniment de frayeur, pour ne pas dire ici que tout le monde ne saurait comprendre pourquoi on a fait le bruit d'un prêt de douze millions,2 qui se borne à présent à un million qu'on pense lever au moyen d'une loterie. Tout ceci combiné me fait présumer encore qu'il ne se saurait négocier rien d'important dans les conférences que les ministres du parti opposé ont eues avec le baron de Bernstorff, et qu'il y a plus d'apparences que de réalités. En attendant, je ne vous communique toutes ces réflexions que pour vous mettre sur la voie d'approfondir d'autant mieux sur le lieu les circonstances, afin de démêler le vrai d'avec les apparences.

Quant au changement au ministère que vous me marquez d'être sur le tapis, je ne regarde cette affaire que comme des cabales entre



1 Vergl. S. 332.

2 Vergl. S. 325.