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5809. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 13 mars 1753.

Vous n'auriez guère su me donner de nouvelle plus agréable que celle que renferme votre rapport du 2 de ce mois, savoir que tout se trouve actuellement dans une situation tranquille là où vous êtes.1 Il ne me reste qu'à faire des vœux pour l'heureux succès et avancement de la grossesse de la Reine, ma sœur.

Federic.

Nach dem Concept.


5810. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 16 mars 1753.

Ayant tout sujet d'être mécontent des procédés dont la comtesse de Bentinck a usé depuis quelque temps à Berlin sur mon égard, j'ai trouvé bon de vous ordonner par la présente lettre de chercher d'abord l'occasion pour lui parler seule et sans témoins et de lui dire, en après, dans des termes tout secs et des plus nerveux que, m'étant aperçu combien elle se mêlait de diverses choses qui ne la regardaient point ni lui convenaient et qui ne sauraient que me déplaire souverainement, je ne pouvais plus m'empêcher de lui faire déclarer par vous l'extrême déplaisir que j'en avais et lui faire reprocher l'ingratitude dont elle usait à mon égard; qu'après tout ce que j'avais fait pour elle dans un temps où elle avait été abandonnée de tout le monde, sans ressource et sans protection et sur le point d'être abîmée par un parti redoutable, et que moi tout seul l'avais recueillie généreusement à Berlin, en lui accordant ma protection, même au risque de me brouiller avec des puissances respectables — circonstances sur lesquelles vous lui ferez des détails — je ne m'étais point attendu qu'elle me paierait d'une si noire ingratitude; qu'elle n'aurait qu'à examiner sa propre conscience, qui lui expliquerait d'abord tout ce dont il s'agissait et combien j'avais lieu de me plaindre sur ce qu'elle s'était si mal gouvernée à mon égard. Mais que je la faisais avertir par vous qu'à moins qu'elle ne changerait de conduite là-dessus et qu'elle ne remédierait aux justes sujets de mécontentement qu'elle m'avait donnés depuis quelque temps, en se tenant tranquille et sans se mêler d'intrigues et de manèges qui ne lui convenaient nullement, je la planterais là et l'abandonnerais tout plat à son sort, sans plus me mêler en aucune sorte de ses affaires, et qu'elle voudrait prendre cela pour être dit à elle.

Après lui avoir tenu ces propos, vous couperez tout court votre discours, en lui déclarant nettement qu'il vous était défendu d'entrer en aucune explication avec elle. Aussi mon intention est-elle que vous n'entrerez là-dessus ni en discussions ni en aucun détail avec elle et



1 Vergl. Nr. 5811.