<396> répandre à son retour en France toute sorte de calomnies et d'infamies tant sur Maupertuis que sur ce pays-ci, ce que je vous prie de contrecarrer, si vous le pouvez. Surtout vous ferez redemander à sa nièce, la Denis, l'engagement que j'avais signé de son oncle, qu'il faut qu'elle rende, et vous pouvez dire partout que, cet homme s'étant rendu odieux à tout le monde par ses fourberies, friponneries et méchancetés, j'ai été obligé de le chasser.

S'il revient en France, il faut lui redemander un livre que je lui ai donné1 et toutes les lettres que je lui ai écrites; et surtout vous pouvez vous adresser aux ministres pour qu'ils l'obligent à ne point faire imprimer d'impertinences. Je suis fâché, Milord, de vous donner de si ridicules commissions, mais je suis bien puni d'avoir fait du bien à un fol qui se trouve le plus ingrat et le plus méchant des mortels, Les soins que vous vous donnerez dans cette affaire, augmenteront encore l'amitié et l'estime que j'ai pour vous. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


5851. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 14 avril 1753.

Le rapport que vous m'avez fait du 4 de ce mois, m'a été heureusement rendu. Je continue2 d'être encore du sentiment que la mission du chevalier Williams n'a d'autre objet que celui que je vous ai marqué, savoir ces bruits sur une invasion dans le pays d'Hanovre qui ont alarmé extrêmement le roi d'Angleterre, et le concert à prendre avec la cour de Vienne pour assister le roi d'Angleterre au cas que cette invasion existerait. Voilà mes conjectures; j'espère qu'avec l'application que je vous connais, vous réussirez, à la fin, à pouvoir m'informer avec certitude si je m'y suis trompé ou non.

Je viens de voir des lettres d'Hanovre en date du 8 de ce mois qui confirment qu'on a effectivement transporté tout le trésor du roi d'Angleterre d'Hanovre à Stade et que, pour sauver les apparences et ne pas trop alarmer le public qui en a recommencé3 d'en prendre de fortes alarmes, on a débité que ce n'était par aucune appréhension que ce transport se fût fait, mais parceque les caveaux à Hanovre n'avaient plus laissé assez de place pour y encoffrer les sommes et qu'on avait bâti à ce sujet un autre assez spacieux à Stade, qui était d'ailleurs plus assuré contre des incendies que celui d'Hanovre n'avait été.

L'on ajoute dans ces lettres que depuis quelques jours il courait un bruit sourd à Hanovre que l'Impératrice-Reine se préparait actuellement à la guerre, qu'elle avait demandé l'assistance et l'appui de



1 „,Œuvres du philosophe de Sanssouci.“

2 Vergl. S. 391.

3 Vergl. S. 358.