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5857. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 17 avril 1753.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 7 de ce mois. Je veux bien convenir que le séjour du chevalier Williams1 ait entre autres pour objet les concerts à prendre relativement à l'élection d'un roi des Romains, mais je doute que cela soit le seul, et je ne veux point vous cacher que je commence d'avoir de grands soupçons des arrangements militaires qui se font actuellement en Bohême et en Moravie, et que la cour de Vienne ne couve quelque dessein secret. C'est pourquoi je veux bien vous avertir, quoique pour votre direction seule, que vous ne deviez vous laisser tromper par les sentiments pacifiques que ladite cour affecte par dehors, mais que vous deviez être sur vos gardes et tâcher de pénétrer ce mystère. Souvenez-vous de ce que je vous ai marqué par ma dépêche précédente par rapport aux bruits qui courent à Hanovre. Quand je combine ce qui me revient des susdits arrangements en Bohême et en Moravie et du campement qu'on va former en Bohême chez Pilsen ou Égra, outre celui qu'on va assembler en Moravie, ces bruits d'Hanovre ne pourraient point être destitués de toute vraisemblance. Je vous recommande surtout de porter une attention particulière sur les arrangements qu'on fait en Hongrie et si l'on n'y fait sous main des préparatifs pour y assembler des corps de la milice hongroise aux environs des frontières de Silésie, et marquez-moi immédiatement ce que vous en avez pu déterrer; car encore une fois, j'ai de grands soupçons qu'il se brasse quelque chose à Vienne qui demande toute mon attention. Ne laissez pas de vous servir encore du conseiller privé de Fürst et l'instruisez de sonder de sa part adroitement les gens qu'il fréquente, pour pénétrer le mystère d'iniquité que je soupçonne : enfin, employez tous vos soins et votre savoir-faire pour vous orienter sur ceci.

Federic.

Nach dem Concept.


5858. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Berlin, 17 avril 1753.

J'ai reçu votre dépêche du 10 de ce mois et vous sais gré des soins que vous vous donnez pour tout ce qui a du rapport à mes différends avec l'Angleterre sur les déprédations commises autrefois de leurs armateurs. Au surplus, j'ai bien voulu vous avertir qu'on a mandé ici par des lettres particulières d'Hanovre qu'il y avait un bruit sourd que la Reine-Impératrice s'était offerte au roi d'Angleterre de me faire la guerre et qu'elle avait fait de fortes instances au roi d'Angleterre d'y



1 Vergl. S. 396.