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Chevalier Williams a été l'ombre du comte de Kaunitz dans tous les lieux tiers, bien qu'il paraisse que cela ennuyait le dernier, qui écoutait l'autre et ne répondait guère. Cependant ces assiduités du susdit chevalier près du comte de Kaunitz font soupçonner qu'il espère de parvenir plus aisément à son but qu'il ne l'aurait fait du temps que Bartenstein était en place dans le Conseil, et l'on croit que son but principal est d'arranger les cours de Vienne et de Londres de façon qu'elles n'aient point à craindre la guerre, mais se rendent les arbitres de l'Europe; circonstance qui mérite bien l'attention des ministres de France et au sujet de laquelle je serai bien aise quand vous sauriez leur mettre la puce à l'oreille, en leur représentant naturellement les suites qui en résulteront, si jamais ce plan était réalisé.

Je vous renvoie, au surplus, à la dépêche du département des affaires étrangères pour ce qui regarde l'affaire de l'Ostfrise.

Federic.

Nach dem Concept.


5902. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 26 mai 1753.

Les avis qui me sont revenus jusqu'ici de tout côté relativement aux campements que les troupes autrichiennes formeront cette année-ci, m'ont confirmé qu'il n'y avait aucun arrangement qui saurait faire soupçonner quelque autre dessein que celui de faire camper et exercer les troupes. Cependant j'ai de bons indices pour être persuadé qu'il s'est remué quelque chose ou vers la fin de février dernier ou dans le mars et qu'il y eut alors sur le tapis quelque projet contre moi qu'on a laissé tomber après.

Pour ce qui regarde le nouvel arrangement que l'Impératrice-Reine vient de faire parmi ses ministres, je crois que cette Princesse y perdra pour ses véritables intérêts. Elle remplace très bien le comte Ulfeld par M. de Kaunitz, mais point du tout le baron Bartenstein. D'ailleurs l'arrangement qu'on a fait à l'imitation de celui en France par rapport aux quatre commis qui travailleront dans le bureau des affaires étrangères, aura apparemment le même effet qu'en France, savoir qu'il n'y aura plus ce secret impénétrable qu'il y avait du temps de Bartenstein, qui travaillait lui-même et fit travailler les autres sous ses yeux. Aussi je vous laisse songer s'il n'y aura pas moyen que vous sauriez profiter habilement du nouvel arrangement, soit directement soit indirectement.

Au reste, vous faites fort bien de donner votre principale attention sur les mesures que la Reine-Impératrice prendra pour se lier plus étroitement encore avec ses alliés que jusqu'ici; cependant je suis bien aise de vous faire observer qu'il est naturellement impossible que des cours sauraient se lier aussi étroitement qu'il n'en arrive des bisbilles, et que les différentes vues que chacune des parties contractantes apporte