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5916. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 25. Mai: On dit que le crédit „de la Marquise diminue et qu'elle est prête à être disgraciée. Ce serait un événement fort important, car elle influe beaucoup sur les affaires et elle est consultée en tout par le Roi et ses ministres. On s'aperçoit en cette occurrence que l'ambassadeur d'Angleterre et les autres ministres du même parti sont extrêmement portés pour la Marquise, et ils ne marquent point de publier, quand l'occasion s'en présente, tout ce que peut servir à détruire les bruits qu'on répand sur sa disgrâce. L'attachement de la Marquise pour l'Angleterre est supposé venir en partie des sommes qu'on est persuadé qu'elle a fait passer en Angleterre pour les y mettre à couvert, et en partie par le désir qu'elle a d'entretenir la paix, qui est son ouvrage et dont elle profite pour avoir toujours le Roi avec elle1 et pour s'enrichir.“

Kœnigsberg, 8 juin 1753.

Il faudra bien que vous suiviez la cour pour Compiègne, afin d'avoir l'œil attentif sur tout ce qui s'y passera dans les affaires. Votre séjour y serait d'autant plus nécessaire, si jamais alors cet évènement important arrivait dont vous faites mention dans votre lettre immédiate du 25 dernier, où il fallût alors que vous m'en instruisiez d'abord et de toutes les circonstances qui accompagneraient un tel évènement, qui ne saurait qu'influer beaucoup sur mes intérêts. Je ne doute presque pas que la personne qui fait le sujet principal de votre lettre immédiate susdite, ne soit pas bien nette des soupçons qu'on a sur son attachement pour l'Angleterre, et je veux bien vous dire, quoique sous le sceau du secret le plus absolu, qu'on m'a assuré dans la dernière confidence2 que le comte Kaunitz a trouvé moyen, avant que de partir de France, de tirer d'elle la promesse qu'elle s'emploierait de tout son pouvoir à ce que la France ne remuerait en rien pendant l'intervalle de quelques années contre la cour de Vienne, mais restât toute tranquille.

Je laisse à mes ministres du Département de vous instruire de tout ce qui nous est revenu en dernier lieu relativement à l'affaire de mes différends avec l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.


5917. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Finckenstein berichtet, Berlin 13, Juni: „J'ai l'honneur de marquer très humblement à Votre Majesté l'arrivée du baillif de Froullay, qui n'est pas revêtu du caractère d'ambassadeur,3 mais de celui de ministre plénipotentiaire. Il est venu me voir et m'a remis la copie de sa lettre de créance, en se félicitant de ce

[Berlin, 14 juin 1753].4

Un pauvre voyageur qui a fait quatre-vingts milles d'Allemagne en quatre jours, demande à Monsieur le secrétaire des affaires étrangères et à Monsieur le bailli de Froullay



1 Vergl. S. 290.

2 Mittheilung des kaiserlichen Legationssecretärs M. von Weingarten, Berlin 12. Mai.

3 Vergl. S. 158.

4 Der König traf am 14. Juni früh aus Preussen in Berlin ein.