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5926. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 17 juin 1753.

Les dépêches que vous m'avez faites du 1er et du 5 de ce mois, m'ont été heureusement rendues. Je me réfère d'abord sur la dépêche du 9 de ce mois qui vous sera arrivée de la part de mes ministres du département des affaires étrangères, touchant l'avis que j'ai eu de Londres par rapport à la réponse que l'ambassadeur de France à Londres a eue du duc de Newcastle, quand il a exposé à celui-ci les instructions qu'il avait eues de sa cour relativement à mes différends avec l'Angleterre;1 j'ajoute seulement que le duc de Newcastle a, de plus, donné à connaître au duc de Mirepoix que l'on attendait avec impatience la réponse que je ferais à la France, et que jusqu'à ce qu'on en fût instruit, on ne pouvait pas prendre d'autres résolutions.

J'ajoute d'ailleurs à ce qu'on vous a marqué de la réponse du ministre de Russie, Tschernyschew, qu'il a donnée au duc de Newcastle dans les conférences qu'il a eues avec celui-ci sur ce sujet2 — qu'il a fait entendre au dernier ce qu'il lui a dit, comme de lui-même, quoique dans le fond par ordre de sa cour. Au reste, comme mes ministres vous défendent dans leur dépêche ci-dessus alléguée que vous n'en deviez parler aux ministres de France de ces anecdotes, je veux tout au contraire que vous en deviez faire des insinuations à M. de Contest, en ajoutant la réflexion qui m'est venue à ce sujet, savoir que ce n'était pas autant la mince somme en argent sur laquelle j'étais en différence avec les Anglais qui faisait agir le roi d'Angleterre et ses ministres dans cette affaire, mais plutôt les vues que ce Prince avait sur ma province d'Ostfrise, qu'il m'envie fortement, et qu'il tâcherait en conséquence de diriger son jeu à l'occasion de mes différends avec les Anglais en sorte, pour pouvoir se mettre en possession de ladite province; mais que j'étais aussi fermement persuadé que pourvu que la France témoignerait quelque fermeté, le roi d'Angleterre se garderait bien de vouloir pousser les choses à l'extrémité, et que nous saurions sortir des susdits différends sans embarras ni suites.

Après ceci, je veux bien vous informer encore qu'il m'est revenu d'assez bonne part que tous les mouvements que le roi d'Angleterre se donnait aujourd'hui, tendaient aussi à donner plus de vigueur et de



1 Die entsprechende Stelle des aus dem Ministerium expedirten Erlasses, Berlin 9. Juni, lautet: „Suivant mes dernières lettres de Londres [du 25 maij le marquis de Mirepoix, après le rétablissement de sa santé, s'est enfin acquitté auprès du ministère britannique des ordres que sa cour lui avait donnés (vergl. S. 440) touchant les prises maritimes. Quoique je ne sache pas au juste jusqu'ici ce qu'on lui a répondu en conséquence, l'on me marque cependant que le duc de Newcastle s'est contenté simplement de dire qu'on s'en tenait invariablement aux déclarations qui avaient déjà été faites sur ce sujet, savoir qu'on ne pouvait point entrer en négociation pour une satisfaction de mes sujets, avant que je n'eusse fait lever l'arrêt mis sur la dette de la Silésie.“ Vergl. S. 429.

2 Vergl. S. 450 Anm. 1.