<72>tère se remette à une assiette ferme et plus solide, afin qu'on puisse prendre confiance sur lui et que les affaires prennent un train plus heureux qu'elles ne le font actuellement.

Je vous prie de vous ressouvenir bien de ce que je vous ai marqué par ma dépêche précédente1 touchant le sujet qu'on choisira pour remplacer le poste du feu milord Tyrconnell. Contribuez, si vous le pouvez, à ce que l'on y fasse un choix bon et judicieux et qu'on ne m'envoie qu'un homme doux, solide et modéré qui ne soit pas brouillon, emporté et tracassier, mais fait aux affaires et bien intentionné pour cultiver la bonne harmonie entre la France et moi; qui ait la confiance de sa cour, qui sache acquérir la mienne et qui sache porter un secret pour n'en faire d'autre usage que précisément celui qu'il en faut. Mais en cas que vous ne soyez pas à même de contribuer à ce choix, marquez-moi au moins, le plus précisément que vous saurez, son caractère, s'il est fier, orgueilleux, ou quelles sont ses bonnes ou mauvaises qualités, afin qu'on sache ici se gouverner avec lui.

Au reste, il m'est revenu à présent de très bon lieu que le comte Brühl est entré dans le dessein secret des cours de Vienne et de Pétersbourg pour mettre le prince Charles de Lorraine sur le trône de Pologne, après que l'évènement de la mort du Roi d'aujourd'hui aura existé. Qu'outre les engagements qui liaient absolument ce ministre à leurs dispositions, il y avait encore ses propres intérêts qui l'attachaient à ce plan; qu'il n'avait rien à se promettre du Prince Électoral saxon et qu'il était évident que, dès que le concert était arrêté entre les deux cours impériales, ce ministre n'y avait pas regardé de mettre quelque autre sur le trône, et que les acquisitions qu'il faisait en Pologne, où il s'établissait entièrement, montraient assez clairement la tranquillité où il était sur le successeur à la couronne, de qui seul il saurait espérer son soutien, d'autant que les Czartoryski n'auraient depuis longtemps écouté que leur jalousie, s'ils n'avaient pas eu besoin de lui pour se ménager leurs avantages et les bonnes grâces du Roi; et qu'au surplus il ne fallait point douter du dessein des deux cours impériales  qu'il y avait à Dresde un certain colonel Saint-Paul, Lorrain de naissance et élevé avec le prince Charles, qui avait beaucoup de confiance en lui, auquel ce Prince avait montré le plan, qui était fort étendu et en conséquence duquel la cour de Pétersbourg s'engageait de fournir à celle de Vienne 50,000 hommes pour exécuter ce projet.

Voilà ce que je viens d'apprendre sur ce projet, dont je laisse à votre discrétion d'en communiquer avec M. de Contest, après avoir obtenu sa promesse de vouloir vous en garder le secret.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Nr. 5371 S. 61.