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5393. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 28 mars 1752.

J'ai toujours remarqué que, quand une fois l'on a commencé à une cour de culbuter des ministres ou d'en faire des changements, on ne reste pas là, mais que cela va de suite comme un jeu de carte; ainsi j'appréhende que le ministère de M. de Contest ne soit pas de longue durée. Quoi qu'il en arrive, je sais que la France se trouvera mal de ces fréquents changements de ministres et que d'ailleurs elle regrettera infiniment avec le temps qu'on ait eu si peu d'attention sur les grandes affaires présentes de l'Europe, comme celles de l'élection d'un roi des Romains, de la négociation à Madrid et d'autres encore. Malgré cela, vous ne laisserez tomber aucune occasion convenable qui se présentera pour donner du réveil aux ministres de France et de leur imprimer surtout l'exemple de Louis XIV, et combien celui-ci a donné de l'attention sur les moindres démarches que les cours de Vienne et de Londres faisaient soit dans l'Empire soit ailleurs. Je crois que de pareilles représentations aux ministres de votre part, faites à propos et réitérées, ne sauraient que faire quelques impressions sur eux et les aiguillonner à avoir plus d'attention sur les choses de la dernière conséquence pour les intérêts de la France.

Au surplus, je me souviens d'avoir fait communiquer ci-devant par feu milord Tyrconnell à M. de Puyzieulx la copie d'une instruction donnée par la cour de Vienne à son ministre à Londres, le comte de Richecourt, qu'un effet d'hasard avait fait tomber entre mes mains.1 Comme il y a des choses bien intéressantes dans cette instruction et qu'on y voit déployé tout le système que la cour de Vienne s'est formé et qu'elle a suivi exactement jusqu'à présent, je serai bien aise que vous en avertissiez dans la dernière confidence M. de Contest, afin de faire chercher la susdite instruction entre ses papiers et de la lire, pour être convaincu que tout ce qu'on y a mis, a été pratiqué exactement jusqu'ici par la cour de Vienne, et qu'elle continue d'aller dans ce train, pour arriver à ses grandes vues.

Federic.

Nach dem Concept.


5394. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 28 mars 1752.

J'ai reçu votre rapport du 14 de ce mois et attends celui que vous me ferez sur la résolution que le comte Tessin aura déclarée au sujet de la députation qui lui a été faite de la part des États.2 Au reste, vous auriez pu vous épargner la peine que vous avez



1 Vergl. Bd. VIII, 293 Anm. 2.

2 Die Deputation hatte den Grafen Tessin um die Fortführung seiner amtlichen Functionen ersucht. Vergl. S. 70.