5529. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.

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Lord Marschall berichtet, Compiègne 9. Juli: „J'ai rendu compte à M. de Saint-Contest du contenu de la dépêche de Votre Majesté du 30 du mois passé166-4 … M. de Saint-Contest me répondit que ce serait se faire illusion que de se flatter de faire rentrer l'électeur de Bavière dans notre parti. Que c'était un prince faible et indolent, incapable par lui-même de prendre une résolution, qui se livrait sans réserve aux conseils de ses ministres, qui étaient entièrement asservis aux cours de Vienne et d'Hanovre et qui ne se prêteraient jamais à une pareille démarche; qu'il était attaché par des liens trop puis- sants à la cour d'Angleterre pour pouvoir les rompre, et que, comme celle-ci ne manquerait pas, dans un pareil cas, de retrancher les subsides qu'elle lui payait166-5 et qu'elle lui avait principalement accordés afin de s'assurer par là de son suffrage pour l'élection du roi des Romains, il s'agirait de savoir qui est ce qui l'en dé- dommagerait — demande qui m'a paru;

Potsdam, 18 juillet 1752.

J'ai bien reçu votre rapport du 6 de ce mois, tout comme celui que vous m'avez fait du g dudit mois, m'a été bien rendu par l'exprès que je vous avais dépêché, Je n'ai point été surpris de la réponse que M. de Saint-Contest vous a faite aux choses que je vous avais ordonné de lui communiquer de ma part touchant la situation critique où se trouvent les affaires de l'élection d'un roi des Romains; je m'y suis attendu. Deux choses principalement servaient à déchiffrer toute la conduite du ministère de France; l'une était l'arrangement de leurs finances, et l'autre cette réduction qu'ils

prouver clairement que la France n'était point intentionnée de faire le moindre sacrifice pour cet effet. Que quant à ce qui regardait la déclaration que le comte de Haslang avait faite à Hanovre de la part de la cour de Bavière, il ne fallait point l'envisager comme une condition à laquelle l'Électeur attachait son suffrage, mais comme un avis qu'il proposait, et qu'ainsi il lui semblait qu'on n'en pouvait rien conclure ni en tirer aucun augure en notre faveur. Qu'enfin, il savait que cet Électeur avait formellement engagé sa voix et qu'il avait rendu la cour d'Hanovre maîtresse d'en disposer comment et quand elle le jugerait a propos. Que, comme il paraissait donc impossible de pouvoir opérer cette réunion, et que la protestation de Votre Majesté et des deux autres Electeurs aurait tout autant de force que si celle de l'électeur de Bavière y était jointe, il croyait qu'elle pourrait très bien, quand le besoin le requerrait, se faire, sans sa participation, tandis que la France déclarerait alors de son côté qu'ayant fait connaître de tout temps qu'elle ne consentirait à l'élection du roi des Romains qu'à condition que l'Électeur palatin fût satisfait et qu'on observerait envers les Electeurs qui lui étaient alliés, les égards qui leur étaient dus, elle ne reconnaîtrait point, aussi, l'archiduc Joseph en qualité de roi des Romains, avant qu'on eût rempli tous les engagements qu'elle avait pris par là. Que, si on voulait forcer Votre Majesté et Ses alliés à cette reconnaissance, ce serait alors le cas où il faudrait faire la guerre. Mais qu'il ne voyait point ce qui pourrait y obliger plus tôt. Ce ministre est donc de l'opinion que dans les circonstances présentes Votre Majesté ne saurait rien faire de mieux que d'écrire une lettre exhortatoire à l'électeur de Mayence, semblable, à peu près, à celle qu'Elle écrivit à ce Prince il y a environ deux ans,167-1 et il a chargé le sieur Baillif de conférer là-dessus avec Ses ministres et de leur exposer ultérieurement les sentiments de la France.“167-2

viennent de faire aussi mal à propos que jamais dans les troupes.167-3

Vous pouvez donc dire de ma part à M. de Saint-Contest, quand vous le verrez, que pour moi personnellement, je ne prenais aucun part à l'élection d'un roi des Romains, que c'était après tout une affaire qui me pouvait être très indifférente, mais que j'avais cru qu'il serait de la dignité de la France de soutenir les prétentions de l'Électeur palatin qui était son allié. Que si la France trouvait qu'il ne lui convenait pas à présent, je me le tiendrais pour dit, et que j'étais obligé d'avertir M. de Saint-Contest qu'il me revenait [tant] d'Hanovre que de tant d'autres endroits de l'Empire que le roi d'Angleterre tirait le plus grand parti qu'il pouvait de la réduction que la France avait faite dans son militaire, en insinuant à tous les Princes de l'Empire que les apparences les plus plausibles étaient qu'elle ne mettrait aucun empêchement à l'élection d'un roi des Romains, et que les déclarations vigoureuses qu'elle avait faites à différentes reprises, n'étaient que pour satisfaire ses alliés. Que ces insinuations du roi d'Angleterre faisaient tant d'impression sur la plus grande part des esprits qu'il ne fallait pas croire qu'on pourrait les arrêter par des déclarations et par des remontrances.

Que nous autres Électeurs qui avions tenu pour les intérêts de l'Électeur palatin, il nous restait le choix de protester contre la Diète de l'élection et de rappeler nos

 

ministres, ou de faire un accommodement tellement quellement pour l'Électeur palatin, afin de lui faire obtenir du moins quelque satisfaction.

Que dans le premier cas, qui était celui d'une scission, les cours de Vienne et de Londres trouveraient bientôt les moyens de nous débaucher l'électeur de Cologne, et qu'ensuite ils ne se soucieraient guère de nos protestations et des prétentions de l'Électeur palatin.

Que l'autre parti exposait à la vérité l'Électeur palatin à ne pas obtenir une entière satisfaction sur ses prétentions, mais qu'il n'en obtiendrait pas davantage d'une autre façon, et qu'ainsi je tâcherais même de lui insinuer de faire son marché aussi bien qu'il pourrait, et que d'ailleurs je me garderais bien168-1 d'écrire de longues lettres aux alliés de l'Angleterre qui pourraient me mener trop loin et que je ne pourrais soutenir à la suite.

Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport bien détaillé et avec toute la précision possible de ce que M. de Saint-Contest vous répondra sur tout ceci.

Federic.

P. S.

Aussi, afin que M. de Saint-Contest entre d'autant mieux dans le sens auquel je vous ai ordonné de lui faire les insinuations contenues dans ma dépêche, je veux bien vous permettre que vous fassiez un extrait de ma dépêche depuis les mots « vous direz donc de ma part o. M. de Saint-Contest » p., jusqu'à la fin, que vous lui lirez de mot en mot, sans cependant lui en donner copie ni permettre qu'il en prenne un extrait par écrit, pour ne point exposer votre chiffre. Au surplus, quand vous lui ferez toutes ces insinuations, vous l'observerez attentivement pour voir ce qu'elles feront d'impression sur lui, et la contenance qu'il y tiendra, de quoi vous m'avertirez dans la réponse que vous me ferez à ce sujet.

Ayant changé d'avis168-2 encore au sujet de la lettre exhortatoire que M. de Saint-Contest a désiré que j'écrivisse à l'électeur de Mayence, vous lui insinuerez que je veux bien me prêter à son désir et faire cette lettre, quoiqu'en termes modérés, audit Électeur;168-3 car, avec toute l'amitié et la bonne volonté que j'ai pour la France, il me serait trop préjudiciable de me mettre tout seul en avant et de m'exposer seul par là au ressentiment du parti favorable à l'élection.

Nach dem Concept.

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166-4 Nr. 5504 S. 146.

166-5 Vergl. Bd. VIII, 100 Anm. 3.

167-1 Vergl. Bd. VIII, 182 Anm. 1.

167-2 Vergl. Nr. 5533 S. 171.

167-3 Vergl. S. 159.

168-1 Vergl. die vorige Nummer.

168-2 Vergl. S. 152. 166.

168-3 Das im Ministerium ausgearbeitete Concept des Dehortationsschreibens an den Churfürsten von Mainz, d. d. Berlin 22. Juli, enthält an Rande die Weisung von der Hand des Grafen Podewils: „Dieses Schreiben soll, wenn es von der Königlichen Unterschrift zurückkommt, nicht eher abgehen, als bis es befohlen wird.“ Vergl. S. 166. Laut des Kanzleivermerkes über die Expedirung ist das Schreiben am 28. Juli auf die Post gegeben; der König hat dem Grafen Podewils, der am 18. Juli in Potsdam war (vergl. S. 172), mündlich seinen Entschluss, das Schreiben abgehen zu lassen, mitgetheilt: vergl. Nr. 5533.