5647. AU LORD MARÉCHAL D'ECOSSE A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 28 octobre 1752.

J'ai bien reçu votre rapport du 15 de ce mois et attends à présent celui que vous me ferez au sujet de la lettre que je vous ai adressée pour Sa Majesté Très Chrétienne,251-1 et quels sentiments ce Prince et son ministre vous ont manifestés là-dessus.

Comme je me suis aperçu dans plusieurs occasions que les matières sur lesquelles on a négocié de bouche avec les ministres des affaires étrangères là où vous êtes, n'ont pas été toujours aussi justement pesées, ni les réponses de bouche aussi justes et précises que celles qu'on en a eues par écrit, sur des mémoires qu'on leur avait présentés, et qu'il est d'ailleurs bien naturel qu'ils pensent avec plus de précision à ce qu'ils donnent par écrit qu'à ce qu'ils répondent de bouche, je serais bien aise par cette seule raison que vous sachiez amener insensiblement et pas à pas les choses au point que ce que vous aurez dorénavant à négocier d'affaires intéressantes avec M. de Contest, allât toujours par écrit, de sorte que vous lui en donniez des mémoires et que la réponse que vous aurez, soit également par écrit en forme de mémoire.

Mais, comme je connais toute la délicatesse des ministres français, et combien il serait facile de leur faire venir des soupçons par là que cette manière de négocier procédait d'une méfiance qu'on avait contre eux, il faut donc que, pour éviter de pareils soupçons non fondés et pour ne point perdre leur confiance, vous vous preniez très habilement pour leur faire goûter tout insensiblement cette façon de négocier moyennant des mémoires et que vous n'y procédiez que peu à peu, en sorte qu'ils n'en prennent aucun ombrage, ni ne s'aperçoivent pas de ce changement, en quoi je me remets simplement sur votre dextérité et adresse.

Federic.

Nach dem Concept.



251-1 Nr. 5624 S. 232.