5883. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Neisse, 8 mai 1753.

J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois et vous renvoie sur ce que j'ai trouvé à propos de vous faire communiquer par le département dans la dépêche ci-close421-3 des avis qui sont venus de la Haye touchant les bruits qui ont couru que la Reine-Impératrice méditait une entreprise sur moi.

En combinant ceci avec d'autres avis qui me sont venus encore, j'ai fait sur tout ceci mes conjectures que la terreur panique qu'on avait inspirée au roi d'Angleterre d'un dessein qu'on m'attribuait sur l'Hanovre, avait opéré sur celui-ci qu'il a d'abord réclamé l'assistance et les secours de ses alliés et qu'on a eu assez d'envie d'entreprendre sur moi dans le cas que je commencerais à attaquer l'Hanovre, mais que, m'ayant fait éclairer de plus près là-dessus et n'ayant rien remarqué qui aurait pu donner des soupçons sur mes desseins, l'on ait changé<422> d'arrangement, et que les Autrichiens, voyant que les craintes qu'on a eues pour les États d'Hanovre sont tout-à-fait frivoles, ne voudront plus faire camper leurs troupes qu'en petits corps, pour leur faire faire l'exercice comme à l'ordinaire. Ce qui m'a fortifié un peu dans ces idées, c'est que justement dans le temps que je voyais à Berlin les régiments qui y sont en garnison, il y apparut un nommé comte Martinengo qui, peut-être pour mieux se cacher, se qualifiait major en service de Sardaigne et qui, après avoir vu passer devant moi les régiments à Berlin, passa à Breslau pour y être présent aux revues, d'où, aussitôt qu'il avait vu lever le campement et retourner les régiments dans leurs quartiers ordinaires, partit tout droit à Dresde.

Voilà de quelle manière j'envisage présentement les choses; je serais bien aise que vous approfondissiez, en combinant ce que vous apprenez là où vous êtes, si mes conjectures sont justes ou non, et que vous m'en informiez. En attendant, je vous recommande bien encore d'avoir dans ces moments vraiment critiques l'œil vigilant sur tout ce qui se passe chez vous et de m'en instruire le plus exactement. J'accuse la réception de votre dépêche du 5 de ce mois.

Federic.

Nach dem Concept.



421-3 D. d. Berlin 5. Mai. Eichel schreibt am 9. Mai aus Neisse an den Grafen Podewils in Berlin: „Bei Remittirung der in beikommendem Packet befindlichen Postsachen habe Ew. Excellenz gehorsamst zu vermelden, wie auf allergnädigsten Befehl die darin befindlich gewesene Dépêche an den Herrn von Klinggräffen hier gleich couvertiren und nach Wien abgehen lassen müssen.“