<XLV>

DISCOURS PRÉLIMINAIRE. (1751.)

L'histoire est regardée comme l'école des princes : elle peint à leur mémoire les règnes des souverains qui ont été les pères de la patrie, et des tyrans qui l'ont désolée; elle leur marque les causes de l'agrandissement des empires, et celles de leur décadence; elle déploie une si grande multitude de caractères, qu'il s'en trouve nécessairement de ressemblants à ceux des souverains de nos jours; et, prononçant sur la réputation des morts, elle juge tacitement les vivants. Le blâme dont elle couvre les hommes vicieux qui ne sont plus, est une leçon de vertu qu'elle fait à la génération présente : l'histoire paraît lui révéler quels seront sur elle les arrêts de la postérité.

Quoique l'étude de l'histoire soit proprement celle des princes, elle n'est pas moins utile aux particuliers; c'est la chaîne des événements de tous les siècles jusqu'à nos jours. L'homme de loi, le politique, le guerrier, en y ayant recours,