<52>Dans les convulsions des longs embrassements,
L'infâme fausseté, ni l'implacable haine,
Dont la perfide bouche articule avec peine
La trahison des compliments.
Là ne se trouvent point ces gens
Que l'amour-propre peint des couleurs les plus belles,
Qui sur tous les sujets sont de parfaits modèles;
Leur discours est comme un miroir
Où leur fatuité s'admire et se fait voir.
Là ne se trouvent point ces bégueules titrées,
Ces prudes en chaleur, ces froides mijaurées,
Qui discutent des riens, et qui rient en chorus.
Là ne sont, grâce au ciel, connus
Ces longs discoureurs méthodiques,
Argumenteurs métaphysiques,
Tous ânes baptisés en us.
Là n'habite point la critique
Au ris malin, à l'air caustique,
Ces atrabilaires Argus
A l'ongle venimeux, à la dent qui déchire,
Aux infernales eaux abreuvant leur satire,
Et ces bavards et ces fâcheux,
Tous parasites ennuyeux.
Cette tranquille solitude
Défend, comme un puissant rempart,
Contre tous les assauts qu'avec la multitude
La turbulente inquiétude
Livre aux sages amants des sciences et des arts.
Ah! d'Argens, que l'espèce humaine
Est sotte, folle, avide et vaine!