<59>Ces chants, ces acclamations?
Le Français, plein de son ivresse,
Semble vainqueur des nations;
Il l'est, et voilà que s'avance
La pompe du jeune Louis.a
L'Anglais a perdu sa balance,
L'Autrichien, son insolence,
Et le Batave encor surpris,
En grondant, bénit la clémence
De ce héros, dont l'indulgence
Pardonne après l'avoir soumis.
Ce prince à son peuple qui l'aime
Immole son ambition,
Plus grand, à mon opinion,
De s'être subjugué lui-même
Que s'il eût, moderne César,
Attaché la Flandre à son char.
Les Français suspendent leurs armes,
Les arts, les plaisirs et l'amour
Bannissent les froides alarmes;
Mars régna, chacun a son tour.
Ces cyprès qu'un sang magnanime
Arrosa pour punir le crime
De vingt rois contre vous liés Soudain
se changent en lauriers;
Les roses couronnent vos têtes,
Tous les jours sont des jours de fêtes
Quand Janus ferme son palais.
Qu'il est beau de cueillir la paix


a Le Roi fait allusion aux victoires et aux conquêtes des Français depuis 1745 jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle. Voyez t. III, p. 105-112, et t. IV, p. 13-17.