<183>De hauteur, d'orgueil rengorgées,
Se débattre dans ce canton,
Et dans ces plaines ravagées
Essuyer sur leur triste front
Chaque jour un nouvel affront.
Leur sang-froid et leur patience,
Dans cette épreuve d'insolence,
N'aurait pas longtemps tenu bon;
Et quand c'aurait été Caton,
Dans son cœur rempli de souffrance
Il aurait senti, j'en réponds,
Les aiguillons de la vengeance.
Et que peut la froide raison
Contre le cri de la nature?
On s'aigrit à force d'injure,
Et, selon mon opinion,
On verra toute créature
Penser de même que Timon.
Voilà, marquis, comme raisonne
L'esprit, ce sophiste éloquent;
Puis-je cacher par ce clinquant
La passion qui m'empoisonne?
Quoi qu'il en soit, en ce moment
Je puis espérer fermement
Que tout bon chrétien me pardonne,
Et que Dieu, si doux, si clément,
En fera par clémence autant.
Vous surtout, dont j'ambitionne,
Soit dans mon camp, soit sur le trône,
Les suffrages et l'agrément,
Vous m'absoudrez tout doucement