<101>Chacun mangea selon sa friandise,
On dévora le porc et ses débris.
Qui servirait à présent à ses hôtes
Un tel repas? Au lieu d'être loué
Des successeurs des Térences, des Plautes,
En plein théâtre on serait bafoué.
Les fins gourmets à table délicate
Ne souffrent point qu'un chétif gargotier
Grossièrement travaille à la sarmate;
On veut surtout qu'habile en son métier,
Par des ragoûts dont la saveur nous flatte
L'artiste ait l'art de nous rassasier.
Il faut encore, et j'allais l'oublier,
Que toute table, élégamment servie,
Évite en tout l'air d'une boucherie;
Qu'un rôt coupé ne soit jamais sanglant,
Un tel objet d'horreur est révoltant.
Un cuisinier qui brigue la louange
Doit déguiser les cadavres qu'on mange;
En cent façons il peut les disséquer,
D'ingrédients il compose un mélange,
La farce enfin lui sert à tout masquer.
Voilà par où le fameux Noël brille.
Il imagine, et jamais il ne pille
De vieux menus d'autres maîtres d'hôtels;
C'est un Newton dans l'art de la marmite,
Un vrai César en fait de lèchefrite,
Et, surpassant nos héros actuels,
Il les vaut tous aux palais sensuels.
Mais si ces vers tombaient à l'improviste
Entre les mains d'un bourru janséniste,