<105>Et vous lui ressemblez en tout,
Autant en beauté qu'en magie.
Mais pourquoi voulez-vous sur moi
Eprouver l'effet de vos charmes?
Vous savez que de bonne foi,
Vous voyant, je rendis les armes.
Désormais leur pouvoir fatal
Va charger ma tête chenue
Du joug pesant de la charrue,
Et me change en cet animal
Dont le pas lourd trace avec peine
Un léger sillon dans la plaine.
Certain Nabuchodonosor
Eut autrefois un pareil sort;a
Jupiter prit bien l'enveloppe
D'un jeune et ravissant taureau
Pour enlever la belle Europe.
Quand l'Amour leur ceint son bandeau,
On a vu les nymphes, les belles,
Vers les dieux faisant les cruelles,
S'adoucir pour les animaux.
Ces traits ne nous sont pas nouveaux :
Léda soupira pour un cygne;
L'or même fut l'amant indigne
Qui triompha de Danaé;
Vous savez de Pasiphaé
Le goût bizarre et le caprice;
Mais le sexe est plein de malice.
Si pour gagner votre faveur
Il faut passer par telle chose,


a Voyez t. X, p. 77.