<125>Serait-ce ces enfers qu'Ovide eut l'art de peindre,a
Et que nos sots dévots ont, depuis, adoptés?
Quittons, quittons l'amas de ces absurdités,
Pensons comme on pensait dans le sénat de Rome.
Que lui dit Cicéron, ce consul, ce grand homme?
Rien ne reste de nous, messieurs, après la mort.b
Mais faut-il s'affliger que tel est notre sort?
Si le corps et l'esprit souffrent la même injure,
Je rentre et me confonds au sein de la nature;
S'il échappe au trépas un reste de mon feu,
Je me réfugierai dans les bras de mon Dieu.c

(Envoyée à d'Alembert le 27 avril 1773.)


a Voyez, dans les Métamorphoses d'Ovide, livre XIV, v. 101 et suivants, la descente d'Enée aux enfers.

b On trouve l'exposition de cette doctrine dans Cicéron, Pro A. Cluentio Avito oratio. cap. 61, 171. Salluste, De bello Catilinario, cap. 51, fait parler César de la même manière en plein sénat. Voyez, t. X, p. 58, 232 et 233; et t. XII, p. 115 et 197.

c Voyez la fin de la poésie adressée par l'abbé de Chaulieu au marquis de la Fare, et commençant par le vers : « Plus j'approche du terme, etc. » Voyez aussi t. XII, p. 217, 218, 240 et 241.