<207>Parmi des tourbillons de flamme et de poussière,
Fait dans des flots de sang rouler son char d'airain.
Là, sans cesse occupés par des exploits rapides,
Au lieu des tendres yeux de Glycère ou d'Iris,
Nous verrons ceux des Euménides;
Au lieu de doux concerts nous entendrons leurs cris.
Parmi le meurtre et les débris,
Encourager aux parricides
Ces guerriers de la gloire épris,
Et nos défenseurs intrépides.
Lorsque tout l'univers ne paraît aspirer
Qu'au noble emploi de réparer
L'affreux dépeuplement, la mémorable perte
Que l'espèce humaine a soufferte,
Que la nature enfin ne paraît s'occuper
Que du plaisir de reproduire,
Notre sort ennemi nous condamne à détruire
Ces restes de guerriers qui purent échapper
A la faux du trépas, toujours prête à frapper.
Fatal aveuglement, malheureuse folie,
Qu'à l'héroïsme l'homme allie,
Et qui semble le pervertir!
Dans sa profusion, la nature féconde
Aux mortels n'a pu départir
Qu'un moyen pour entrer au monde;
Il en est cent pour en sortir.
Loin de diminuer le nombre
De ces chemins semés de douleurs et de maux
Qui mènent à l'empire sombre,
Nous en inventons de nouveaux.