<213>Blottis derrière des rochers
Où nous n'irons pas les chercher.
Tels sont les gestes véridiques
Et tous les exploits héroïques
Qu'ont vus les champs silésiens
Des Russes et des Prussiens.
Mais tandis que ma muse accorte
Très-succinctement vous rapporte
Les prouesses de nos soldats,
Subitement devant ma porte
Arrive, avec un grand fracas,
Cette bavarde à l'aile prompte
Qui toujours parle, et nous raconte
Ce qu'elle sait ou ne sait pas,
Et qui divulgue sur ses pas
La gloire tout comme la honte
Des belles et des potentats.
Cette rapide renommée,
Dont l'homme le plus éventé
Et le sage avec gravité
Convoitent si fort la fumée,
Nous apprend par des bruits confus
Que Daun et Broglie sont battus.
D'abord je me peins en idée,
Couvert de lauriers et de sang,
Haussé d'une demi-coudée,
Notre superbe Ferdinand;
Puis je me représente en Saxe
Monseigneur le prince Henri,
Qui se pavane sur son axe,
Appuyé sur son favori.