<218>Les désirs effrénés de leur fougueuse ivresse
Prétendent par la force opprimer la faiblesse,
Et dans l'ardente soif qu'ils ont de dominer,
Il n'est rien de sacré qu'ils n'osent profaner.
Dans ces jours de douleur, de désordre et de trouble,
De dangers renaissants que leur longueur redouble,
Le destin qui me guide a semé mes chemins
D'abîmes entr'ouverts sous mes pas incertains :
De cent peuples ligués l'effort me persécute,
Tout semble préparer leur triomphe et ma chute.
Ces implacables rois, aux forfaits endurcis,
De la nature en eux ont étouffé les cris;
Un lustre entier, témoin de leur féroce rage,
A vu renouveler leur crime et mon outrage,
Et, malgré leurs assauts, mon bras faible et tremblant
Soutenir sans secours ce trône chancelant,
En épuisant l'art même, afin de m'y défendre.
S'il y a de la grandeur à savoir en descendre,
Il y a de la bassesse à s'en laisser chasser.
Tandis que je me sens si vivement presser,
Le seul peuple en Europe auquel la foi nous lie,
Rempli de ses succès, nous plaint et nous oublie.
Ces nœuds sacrés, formés entre les nations,
De l'amitié des rois douces illusions,
Nés de la politique et de la conjoncture,
Sont chargés du limon de cette source impure.
L'intérêt à l'honneur ne peut s'associer;
Négliger un ami, c'est le sacrifier,
Car c'est dans le besoin qu'il faut de l'assistance.
Vous découvrez partout, dans ce temps de souffrance,
De ces amis de nom que la peur a glacés,