<50>Tremblant, et redoutant la cour qui l'environne,
Roseau, jouet des vents, qui plie au moindre effort,
Servilement soumis aux lois de son mentor.
Impitoyablement le peuple le ballotte,
Le meilleur persifleur passe pour patriote;
Ce pauvre potentat, honni, turlupiné,
Voit et le diadème et son nom profané.
Cet autre est occupé d'une génisse blanche,a
En lui pressant le sein, c'est sa soif qu'il étanche;
Aux bords de ce ruisseau, les yeux sur l'hameçon,
Tout son salut dépend d'attraper un poisson.
S'il manque de savoir, d'esprit ou de courage,
Il emprunte le tout d'un ministre qu'il gage;
Parmi les végétaux il aurait figuré.
Quel scarabée, ah dieux! a-t-il donc engendré!
C'est un roi, le voilà; dans sa cour attroupée,
Avec sa femme encore il joue à la poupée.
Non loin de ses États est un vieux radoteur,
Plus fourbe que bigot, mais cruel exacteur
De ses sujets foulés, du pauvre qu'il opprime.
Il déteste à présent son vieux métier d'escrime;
De l'abbé de Saint-Pierre adoptant les projets,b
Il s'attend à jouir d'une éternelle paix.
Là, dans le fond du Nord, un autre roi réside,
Bon chevalier errant, mais bourse et tête vide;
Quittons sa cour, passons ce court trajet de mer.
Dans ce pays fécond en soldats comme en fer
Règne sur des sujets accablés de misère
Un roi; mais il n'en est que le roi titulaire,


a Voyez t. II, p. 36.

b Voyez t. IX, p. 36.