<84>De leur gerbe brillante éclairent l'horizon,
Et semblent suppléer au char de Phaéthon.
Vos prestiges de l'art égalent la nature.
Mais ce jour fortuné penche vers sa clôture;
Pour le finir ainsi qu'il avait commencé,
Mon comte va choisir dans son peuple empressé
Un tendron de quinze ans. Grands dieux, qu'elle était belle!
Le fameux Phidias, l'élégant Praxitèle,
En elle auraient cru voir une divinité :
Si ce n'était Vénus, c'était la Volupté,
Les charmes enchanteurs, les Grâces l'ont pétrie.
Elle doit cette nuit lui tenir compagnie :
L'Amour, qui l'aperçoit, en rit malignement,
Ses rivales en feu s'en plaignent vivement.
Ah! qu'il est difficile, en un sérail de belles,
De contenter son goût sans causer des querelles!
Toutes, comme Vénus, et Pallas, et Junon,
S'attendaient au mouchoir; chacune avait raison.
Le plus sage des rois en entretenait mille,
S'il pouvait y suffire, il était plus qu'habile;
Mais mon comte, après tout, peut bien être aujourd'hui,
Sans qu'il soit Salomon, plus Hercule que lui.
Comment pourrai-je enfin tout conter, tout décrire?
Les mots me manqueraient pour peindre et vous redire
Les plaisirs différents qu'on savoure en ces lieux;
Vous n'en approchez pas, tristes plaisirs des cieux.
C'est ainsi qu'au-dessus des pompeuses chimères
Qui flattent les mortels de destins plus prospères,
Vous vous êtes choisi le plus fortuné sort,
Et libre de soucis, tranquille au sein du port,
O comte! vous savez jouir, penser, produire;