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V. AU SIEUR GELLERT.186-a

Le ciel, en dispensant ses dons,
Ne les prodigue point d'une main libérale;
Il nous refuse plus que nous ne recevons.
Pour tout peuple à peu près sa faveur est égale,
Les Français sont légers, les Anglais sont profonds;
Et s'il dénie à l'un ce qu'il accorde à l'autre,
L'amour-propre, en changeant en roses ses chardons,
Au talent du voisin fait préférer le nôtre.
Sparte possédait la valeur,
Mars se plut d'y former de fameux capitaines;
Tandis que la molle douceur
Des arts et des talents respirait dans Athènes.
De Sparte nos vaillants Germains
Ont recueilli l'antique gloire :
Combien de grands exploits ont place en leur histoire!
Mais s'ils ont trouvé les chemins,
A travers les périls, au temple de Mémoire,
Les fleurs se fanent dans leurs mains,
Dont ils couronnent la Victoire.
<187>C'est à toi, le cygne saxon,
D'arracher ce talent à la nature avare,
D'adoucir par tes soins d'une langue barbare
La dure âpreté de ses sons.
Ajoute, par les chants que ta muse prépare,
Aux lauriers des vainqueurs, dont le Germain se pare,
Les plus beaux lauriers d'Apollon.


186-a Le Roi veut dire Gottsched. Voyez t. XII, p. 93, et ci-dessus, l'Avertissement de l'Éditeur.