<18> le sieur de Burgsdorff une multitude terrible d'incivils compliments. L'on voulait me garder à souper; mais l'échantillon de leur excessive politesse qu'ils me donnèrent m'en dégoûta si bien, que je me serais plutôt fait couper les deux oreilles que d'y rester. Je méditai donc quelque honnête retraite;a ayant trouvé, je louai Dieu de m'avoir sauvé d'un déluge de pareilles civilités mal digérées.

Le prince Charles a été hier ici.b L'on a peu bu, mais en revanche fait beaucoup de bruit, eassé quelques fenêtres, brisé quelques fourneaux, etc. Un petit non-plus-ultrà a arrêté mon voyage de Sonnenbourg. Je ne m'en soucie guère, espérant de mieux employer mon temps. Je ne puis toujours mieux l'employer qu'en vous assurant, ma très-chère cousine, que je suis et serai jusqu'au tombeau, avec une constante et parfaite estime,

Votre très-parfait ami, cousin et serviteur,
Frideric.

P. S. Mille excuses des fautes d'écriture; mais la raison en est que j'ai écrit au lit.

7. A MADAME DE SCHÖNING, MÈRE DE MADAME DE WREECH.

(Cüstrin, décembre 1731.)

Madame, j'ai eu le plaisir de voir madame votre fille à Berlin. Je l'ai vue, madame, mais sans pouvoir à peine lui dire bonjour et bon


a

Minutant à tous coups quelque retraite honnête.

Molière, le

Les Fâcheux

, acte I, scène I.

b Le 19 septembre 1731, le margrave Charles, nouvellement installé grand commandeur de Malte, passa par Cüstrin en se rendant à Sonnenbourg, où il allait faire une promotion de chevaliers.