<373> ou, si quelque chose pouvait encore la retenir en doute, ce ne pourrait être que sa modestie.
Je n'avais presque pas douté, monseigneur, que vous ne devinassiez que l'ami dont je me loue ici est le comte Biron,a aujourd'hui duc de Courlande. Je m'étais effectivement exprimé avec assez de vivacité, en vous faisant son portrait, pour que vous dussiez penser que j'avais trahi mon secret en vous parlant de lui. J'ose espérer, monseigneur, que vous avez ajouté foi à ce que je vous en ai dit, pouvant vous assurer, comme je le crois, avec la plus grande certitude humaine que je ne me trompe point sur le fond de son caractère, qui est sans doute aussi peu connu qu'il mérite beaucoup de l'être.
En vérité, on est bien sujet à se tromper dans le jugement qu'on porte des hommes, quand on ne s'arrête qu'à l'écorce. Que j'étais mal informé du caractère du duc Biron, et quelle autre idée ne m'a-t-il pas donnée de lui depuis que j'ai appris à le connaître de plus près! Il ne me serait pas difficile, monseigneur, de vous faire convenir que c'est un grand homme, si cela ne m'entraînait dans un grand nombre de considérations politiques dont vous ne voulez pas encore entendre parler.
J'en reviens donc à la philosophie. Je me suis bien réjoui avec V. A. R. des honneurs qu'elle a reçus dans la personne de Wolff; car, pour ce grand homme lui-même, il était comblé d'honneur depuis que le Marc-Aurèle de notre siècle s'était déclaré son partisan et son protecteur.
Je suis fort curieux de savoir le sentiment de V. A. R. sur les opérations de la Hongrie. Ne voilà-t-il pas un prince bien servi! On écrit que le comte de Seckendorff est rappelé, et que le comte de Philippi a reçu le commandement. Ce trait figurera mal dans l'oraison funèbre du premier.
a Voyez, t. I, p. 195.