<24> donné par lui à la matière, comme l'attraction, la mobilité et tant d'autres que nous connaissons et que nous ne connaissons pas; mais je suis encore bien ignorante sur tout cela. Je vais prendre auprès de moi un élève de M. Wolff pour me conduire dans le labyrinthe immense où se perd la nature; je vais quitter pour quelque temps la physique pour la géométrie. Je me suis aperçue que j'avais été un peu trop vite; il faut revenir sur mes pas. La géométrie est la clef de toutes les portes, et je vais travailler à l'acquérir. Je suis au désespoir du contre-temps qui rend les marches de V. A. R. si contraires aux miennes; mais je me console par le plaisir d'avoir une terre qui touche presque aux États du Roi votre père, et par l'espérance de vous y assurer quelque jour des sentiments respectueux avec lesquels je suis, etc.

10. A LA MARQUISE DU CHATELET.

Remusberg, 8 mars 1739.



Madame,

L'approbation que vous donnez au dessein que j'ai formé d'étudier la physique, et votre exemple, m'encourageront merveilleusement dans cette nouvelle carrière. Le dérangement de ma santé m'a empêché jusqu'à présent d'y entrer; mais dès que je me sentirai tout à fait guéri, je compte de m'enrôler dans cette science sous vos bannières, conduit par la force de votre divin génie. Je me suis proposé de lire d'abord les mémoires de l'Académie des sciences, ensuite la Physique de Musschenbroek, et de finir par la Philosophie de Newton. J'éviterai soigneusement la géométrie, dont les calculs infinis m'épouvantent et passent mes forces; et je me contenterai de recueillir les