<143> du protestantisme. Pour moi, qui de ministre anglais suis devenu ministre luthérien de Hanovre, et qui travaille actuellement à une grande et longue lettre que j'écris à un évêque anglais sur la nécessité qu'il y a que la cour de Londres rompe entièrement avec la cour de Russie, et le danger que court la religion réformée, si les vues de commerce l'emportent sur celles du soutien de la vraie foi, je m'accoutume de bonne heure à croire toutes les pieuses impertinences des dévots, afin que mon style ait un air de componction et de piété. Je prendrai la liberté d'envoyer cet ouvrage à V. M. dans quelques jours; mais l'on ne peut jamais finir avec les imprimeurs, surtout moi, qui suis obligé de faire remettre par une autre personne mon ouvrage à la presse pour ne point en paraître l'auteur, ma sainteté et ma dévotion n'étant point aussi notoires au public qu'elles le sont à V. M. J'ai l'honneur, etc.

106. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Freyberg) ce 19 (février 1760).

Vous pouvez envoyer ici votre recommandé, mon cher marquis. Il trouvera d'abord sa place, et, comme jusqu'ici nos ennemis ne se sont pas avisés encore de nous rôtir, ni de nous manger, il y a apparence que ce sera un danger qu'il n'aura point à risquer ici. Je vous envoie une Épître que j'ai adressée à d'Alembert.a Elle n'est pas à l'eau rose pour MM. les bigots, mais ce sont des coups portés en l'air; le fanatisme triomphera toujours de la raison, parce que la plupart des hommes craignent le diable et sont imbéciles. Je vous félicite de votre nouveau déguisement. Je ne m'attendais pas de vous trouver


a Voyez t. XII, p. 147-150.