<157> vous n'aurez rien de mieux à faire, et n'oubliez pas un pauvre philosophe qui peut-être, pour expier son incrédulité, est condamné à trouver son purgatoire dans ce monde. Adieu, mon cher marquis; je vous souhaite paix, santé et contentement, en vous embrassant de tout mon cœur.

114. AU MÊME.

(Freyberg) ce 20 (mars 1760).

Le volume corrigé de mes balivernes est parti pour Berlin. Je ne veux point qu'on y mette le titre de Philosophie; simplement Poésies diverses,a cela suffit. Il y a plus de deux cents vers nouveaux, que j'ai été obligé d'y insérer pour changer les endroits qui auraient pu choquer l'Angleterreb ou la Russie;c enfin j'ai fagoté tout cela du mieux qu'il m'a été possible. Je vous ferai donner un volume de cette nouvelle édition. J'avoue que celui que vous avez contient mes pensées légitimes, et que celui-ci en contient de bâtardes. Je mets à la tête une ode contre la calomnie, et, après l'Ode à Voltaire, quelques stances qui sont une paraphrase de l'Ecclésiaste, sainte capucinade pour apaiser les cris furieux de ces zélateurs insensés qui crient et soulèvent tout le monde. Tout cet ouvrage aboutit à faire d'une honnête femme une coquette; mais il faut savoir tout sacrifier dans


a Voyez t. X, p. II et III.

b Voyez t. X, p. 79, 80 et 163. Sir Andrew Mitchell, envoyé d'Angleterre à la cour de Berlin, rapporte dans sa lettre au comte de Holdernesse, du 30 mars 1760, une conversation qu'il avait eue avec Frédéric sur les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci. Le Roi avait cherché cette occasion, à ce qu'il semble, pour prévenir l'impression fâcheuse que la contrefaçon de ces poésies aurait pu faire à l'étranger. Voyez Memoirs and papers of Sir Andrew Mitchell, by Andrew Bisset. t. II, p. 153-155.

c Voyez t. X, p. 35 et 36, 169-171, et 179.