<214> dans le moment que j'en suis instruit. V. M. aura peut-être déjà reçu une de mes lettres, que j'eus l'honneur de lui écrire il y a trois jours, dans laquelle je lui marquais que la crainte où j'étais pour les dangers où vous vous exposiez me faisait souhaiter qu'il n'y eût point de bataille, quoique je fusse très-assuré que vous la gagneriez, s'il s'en donnait une. La vérité a justifié mon pressentiment, et je suis convaincu qu'elle prouvera dans la suite ce que j'ai tant de fois mandé à V. M. dans mes lettres, que vous viendrez à bout de surmonter tous vos ennemis. Mais, au nom de tous vos sujets et de tous vos fidèles serviteurs, je dis encore plus, Sire, au nom de cette gloire immortelle que vous vous êtes acquise, conservez votre personne, dans laquelle réside non seulement tout le bonheur de l'État, mais encore sa durée et sa stabilité. Je prie V. M. d'excuser le peu d'ordre qu'il y a dans ma lettre; mais je suis ivre de joie, et je puis protester à V. M. que mon âme est dans une situation à ne pouvoir joindre deux idées ensemble. Votre dernière lettre m'avait accablé d'une douleur mortelle; jugez de l'effet que la nouvelle de votre victoire a dû produire sur mon esprit.

146. AU MARQUIS D'ARGENS.a

Hermannsdorf, près de Breslau, 27 août 1760.

Autrefois, mon cher marquis, l'affaire du 15 aurait décidé de la campagne; à présent, cette action n'est qu'une égratignure. Il faut une grande bataille pour décider notre sort; nous la donnerons


a Cette lettre se trouve aussi dans la collection Montalembert (voyez l'Avertissement), avec quelques variantes trop insignifiantes pour que nous ayons cru devoir les indiquer sous le texte.