<280> qui s'attache à la pratique est la seule utile. Je vous la recommande, en vous priant cependant de ne pas oublier un avorton de philosophe militaire qui vous aime bien.

189. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 29 août 1761.



Sire,

Je vois, par la dernière lettre que m'a fait l'honneur de m'écrire V. M., que, malgré les embarras dont elle doit être accablée, elle jouit d'une bonne santé. C'est là, Sire, pour moi le point principal, parce que je suis convaincu que, tant qu'elle pourra agir, tous les projets de ses ennemis s'en iront en fumée; s'ils ont sur vous la supériorité du nombre, vous avez celle des lumières et de la bravoure de vos troupes. C'est ainsi qu'Annibal battit tant de fois les Romains avec des armées qui étaient bien inférieures aux leurs.

Depuis la prise de Pondichéry, les finances sont dans un si pitoyable état en France, qu'ils ont supprimé les jetons de l'Académie française. Cela a produit un nombre de petites pièces très-plaisantes, dont Paris a d'abord été inondé; il y en a une où l'on dit que l'Académie doit députer deux orateurs pour aller haranguer les ambassadeurs de Russie et de Suède, et les prier de rendre aux enfants d'Apollon, sur les subsides que la France paye à leurs souverains, ce qui fait le principal produit de leurs travaux littéraires, si utiles pour tous ceux qui veulent faire des compliments. Je ne comprends pas comment un si grand dérangement dans les finances peut s'accorder avec le système guerrier de la cour de Versailles. Que fait la flotte anglaise? Elle devrait être déjà partie. Permettez, Sire, que, à l'exemple