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207. DU MÊME.

Berlin, 30 décembre 1761.



Sire,

La faiblesse m'empêcha d'écrire, dans la dernière lettre que j'eus l'honneur de vous envoyer, bien des choses dont je ne puis croire qu'elle soit véritablement instruite. La douleur où je suis de voir comment vous êtes servi me rend la vie à charge. Vous connaissez, Sire, mon zèle pour vous; jugez donc de l'amertume dont mon cœur est rempli quand je suis convaincu et que je vois de mes yeux que toutes les sottises qui nous ont fait perdre Colberga et la moitié de la Poméranie viennent ou des brouilleries, ou des mauvaises manœuvres des gens en qui nous avions ici toute notre espérance. Si vous aviez envoyé, Sire, en Poméranie une de vos bottes, ou que votre frère le prince Henri eût envoyé une des siennes pour commander, nous aurions encore Colberg. L'un va au secours de l'autre, et lui mène douze mille hommes sans convoi, qu'il pouvait prendre très-aisément avant que Buturlin fût arrivé en Poméranie; il s'ensuit de cela que, le lendemain, arrivé à Colberg, il est obligé de repartir avec son corps pour aller chercher à manger; il se laisse couper, perd, chemin faisant, le corps de Knobloch, et est cause que ce général est fait prisonnier. L'autre, qui était resté devant Colberg, fait encore pis : il abandonne ses retranchements sans les détruire, pour faciliter à Romanzoff le moyen de s'y placer; il laisse les prisonniers russes dans Colberg pour achever d'y consumer les provisions; il perd deux mille hommes dans des attaques inutiles; et enfin, pour couronner l'œuvre, il se laisse enlever à Stargard trois escadrons et les timbales du régiment. Je ne dis ici à V. M. que ce que tous les officiers et soldats du corps qui est ici publient hautement. Malgré les fatigues


a Voyez t. V, p. 150-152, et t. XII, p. 194.