<34> ces gens des engagements pour un temps plus court, quoique, à parler naturellement, je croie que la plupart d'entre eux se donneront à eux-mêmes leur congé dans moins de deux ans. Si je connaissais un autre danseur sérieux qui approchât de Teissier, j'appuierais moins, Sire, sur l'article de son rappel; mais je suis fâché que nous laissions aux Parisiens un homme si difficile à remplacer, et qu'ils destinent, dans leur Opéra, à succéder à Dupré dans quelque temps; et il est vrai qu'il a été très-goûté.

La Caroline n'a point voulu partir pour huit mille francs; elle en demande dix. Je dois encore avertir V. M. qu'elle avait été sans doute trompée par le nom de Caroline. Vous avez cru, Sire, que c'était sa sœur aînée, la comédienne, qui plaît infiniment à Paris; c'est sa cadette, qui n'est encore qu'un enfant. Elle est de la taille qu'avait la petite Lani lorsqu'elle arriva à Berlin; elle a moins de mérite qu'elle, et danse bien moins régulièrement. Il est vrai qu'elle a plus d'âme, et qu'elle est plus jolie; mais, Sire, donner huit mille francs à un enfant qui n'a qu'un quart de part à la comédie italienne, ce qui peut faire dix-huit cents livres, n'est-ce pas assez bien payer? Si V. M. me permet de le dire, les appointements trop forts payés à des sujets qui ne sont point excellents sont cause que ceux qui le sont demandent dans la suite des augmentations, et que, quoiqu'ils soient bien payés, ils se figurent ne l'être pas assez.

Il est venu ce matin chez moi une nommée madame Ribou, qui a pensé m'arracher les yeux; elle m'a dit que j'étais cause qu'on ne l'avait pas engagée, par rapport aux sujets que j'avais arrêtés à Marseille. Je lui ai répondu que j'avais, jusqu'au moment qu'elle me parlait, ignoré si elle était sur la terre. Elle m'a dit que c'était tant pis pour moi. Je n'ai rien répliqué, car j'ai craint d'être battu, et je lui ai promis, pour m'en débarrasser, d'écrire à son sujet à V. M. On m'a dit qu'elle avait voulu donner mille écus à cette actrice; vous auriez été un peu surpris, Sire, lorsque vous auriez vu une femme âgée