<II>Nous avons donc, de toute nécessité, dû recourir au manuscrit original de l'année 1775, pour exécuter l'édition complète et parfaitement exacte que nous offrons au lecteur, nous bornant à la correction des fautes les plus élémentaires, selon les principes énoncés dans la Préface de l'Éditeur. Ce que nous avons ajouté en rectifications et remarques explicatives, est indiqué par la lettrine de renvoi; les notes du Roi se distinguent par des chiffres en continuité. Les titres entiers des chapitres, qui sont également de l'Auteur, étaient, dans l'édition de 1788, placés en guise de table des matières à la tète de l'ouvrage; nous les avons reportés à la fin de chaque volume.
Les deux manuscrits originaux de l'Histoire de mon temps, de l'année 1746 et de l'année 1775, sont conservés aux archives royales du Cabinet (Caisse 365, lettre C 1 et 2).
Nous n'avons, sur une rédaction antérieure à ces deux manuscrits, que les renseignements fournis par le Roi lui-même dans trois lettres adressées à Voltaire, datées, l'une du 18 novembre 1742, l'autre du 6 avril, et la dernière du 21 mai 1743. Dans la seconde de ces lettres, il lui dit : « Je vous enverrai bientôt l'Avant-propos de mes Mémoires. Je ne puis vous envoyer tout l'ouvrage, car il ne peut paraître qu'après ma mort et celle de mes contemporains, et cela parce qu'il est écrit en toute vérité, et que je ne me suis éloigné en quoi que ce soit de la fidélité qu'un historien doit mettre dans ses récits. » D'après la réponse de Voltaire, on voit que cet Avant-propos de 1743, destiné seulement au premier volume de l'Histoire de mon temps, était très - différent de celui qui précède la rédaction terminée en 1746; c'est ce dernier que nous reproduisons à la tête de notre édition, il est conforme au manuscrit autographe. Le ministre d'Etat comte de Hertzberg avait déjà publié en 1787 cet Avant-propos dans ses Huit dissertations, sans l'admettre dans les Œuvres posthumes.
La Relation de la bataille de Chotusitz que le Roi composa pour les gazettes deux jours après cette victoire, a été ajoutée par nous au premier volume de l'Histoire de mon temps; nous lui avons assigné cette place parce que l'Auteur, dans plusieurs de ses lettres, montre qu'il y attachait de l'importance. C'est ainsi que, le 19 mai 1742, il écrit du camp de Czaslau au marquis de Valori, ambassadeur de France à la cour de Berlin : « Je joins ici une relation exacte et très-fidèle de ce qui s'est passé à la journée de Chotusitz, dont vous pourriez faire tel usage que vous »