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Il paraît même très-plausible,
Et, malgré Loyola, je crois
Que le saint-père en tels exploits
Ne fut jamais moins infaillible.

Ce bon cordelier du Vatican n'est pas, après tout, aussi hargneux qu'on se l'imagine. S'il fait brûler quelques livres, c'est seulement pour que l'usage ne s'en perde pas; et d'ailleurs les nez romains aiment à flairer l'odeur de cette fumée.

Mais n'admirez-vous pas avec quelle patience digne de l'agneau sans tache il s'est laissé enlever le comtat d'Avignon,a combien peu il y pense, et dans quelle concorde il vit avec le Très-Chrétien? Pour moi, j'aurais tort de me plaindre de lui; il me laisse mes chers jésuites, que l'on persécute partout. J'en conserverai la graine précieuse, pour en fournir un jour à ceux qui voudraient cultiver chez eux cette plante si rare. Il n'en est pas de même du sultan turc.

Si monsieur le mamamouchib
Ne s'était point mêlé des troubles de Pologne,
Il n'aurait point avec vergogne
Vu ses spahis mis en hachi,
Et de certaine impératrice,
Qui vaut seule deux empereurs,
Reçu, pour prix de son caprice,
Des leçons qui devraient abaisser ses hauteurs.
Vous voyez comme elle s'acquitte
De tant de devoirs importants.
J'admire, avec le vieil ermite,
Ses immenses projets, ses exploits éclatants;
Quand on possède son mérite,
On peut se passer d'assistants.

C'est pourquoi il me suffit de contempler ses grands succès, de


a La France prit possession d'Avignon le 11 juin 1768, et le même jour le roi de Naples s'empara du duché de Bénévent.

b Voyez t. XX, p. 34.